Summary: | Lʼanthropologie, et plus spécialement les développements quʼelle a connus en contexte francophone, possède une affinité toute particulière avec lʼinvestigation philosophique sur la notion de nature : toutes deux interrogent en effet la valeur de ce terme classique du répertoire conceptuel occidental, et plus encore le sens que lʼon peut encore donner au partage entre le naturel et le social, ou le culturel. Ce faisant, elles se heurtent à des tensions analogues, lʼanthropologie bénéficiant toutefois du privilège de la méthode comparative, quilui donne accès à des cosmologies manifestant un arrangement des êtres et des personnes différents du nôtre. Ce sont ces liens que cette thèse se propose dʼexplorer, et cela à travers lʼexamen historique et critique de quelques théories anthropologiques clés. Parmi elles notamment, lʼécole durkheimienne, lʼanthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss et de ses successeurs, et le courant dʼanthropologie de la nature, où ces questions trouvent aujourdʼhui leur épanouissement. Lʼhypothèse centrale de ce travail est que lʼanthropologie sociale est liée à la prise de conscience du rôle que lʼidée de nature a joué et joue encore dans notre trajectoire historique, c'est-à-dire de ce que lʼon a pris lʼhabitude dʼappeler la modernité, et de ce qui la sépare dʼautres expériences collectives. Cette investigation débouche sur un examen des concepts centraux de la pensée écologique, qui donne à ces enjeux un élan nouveau : une pensée environnementale est-elle une sortie du naturalisme moderne, et si oui, à quelles conditions est-elle possible et légitime ? === Anthropology and philosophy share a common interest in the idea of nature. Both of themaddress the value of this fundamental element of the Western conceptual framework and thegeneral signification of the alleged great divide between nature and society, or culture. Overthis common interrogation they are also facing the same issues and paradoxes.Nevertheless anthropology benefits from its comparative approach, which brings toknowledge different cosmological patterns, some of them dealing without the very idea ofnature. This thesis is an historical and critical exploration of some key classicalanthropological theories of the collective relationships with natural environment. Namely, theDurkheimian school of social sciences, the structural anthropology of Claude Lévi-Straussand his followers, and the present day anthropology of nature, which constitutes the main lineof French social anthropology. The core hypothesis of this work is that social anthropology isintimately linked to the theoretical acknowledgment of the role played by the idea of nature inour historical dynamics. What we usually call modernity, and in what sense it differs fromother social formations, are major anthropological concerns. These questions lead to acritical examination of the ecological thought from an anthropological point of view. Ifenvironmental philosophy is in a sense a way out of modern naturalism, which terms andconditions are required to make it possible and legitimate ?
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