Le Corps féminin nu ou paré dans les récits réalistes de la deuxième moitié du XIXe siècle

Dans la seconde moitié du XIXe siècle en France, deux phénomènes a priori antithétiques s’observent : la multiplication des tableaux de femmes nues et l’essor de la mode des toilettes féminines. Cette thèse analyse la représentation du corps féminin de cette époque à partir des deux thématiques du «...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Takaï, Nao
Other Authors: Paris 10
Language:fr
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2010PA100208
Description
Summary:Dans la seconde moitié du XIXe siècle en France, deux phénomènes a priori antithétiques s’observent : la multiplication des tableaux de femmes nues et l’essor de la mode des toilettes féminines. Cette thèse analyse la représentation du corps féminin de cette époque à partir des deux thématiques du « nu » et du « paré », puis de leur relation dialectique dans les œuvres dites « réalistes » : Madame Bovary, L’Éducation sentimentale de Flaubert, Manette Salomon des frères Goncourt, Chérie d’Edmond de Goncourt, et La Curée, Nana, Au Bonheur des Dames, L’Œuvre de Zola constituent notre corpus principal. Bien que ces écrivains, à travers leur observation pointue de la société contemporaine et dans le filtre de leur propre esthétique, essaient de rendre la vie des femmes en évoquant leur corps en toute sa vitalité, sans recourir à une idéalisation superficielle, un glissement intervient, causé par l’érotisme qui est inséparable du désir de connaître et d’écrire. Plus l’envie de percer et de saisir l’objet de description que constitue la chair féminine est forte, plus la répulsion ou la peur surgissent. Nos écrivains ont besoin de réifier la femme ou de la voiler d’enveloppes vestimentaires fétichisées afin de lui donner tout son prix. Ils construisent leur récit en prenant de la distance avec le mercantilisme et l’hypocrisie prude des bourgeois qu’ils critiquent. Mais dans leur description du corps féminin, ils participent eux aussi à l’idéalisation et à l’aliénation sociales dont ils rendent compte sans jamais tout à fait leur échapper. Néanmoins, c’est dans cette oscillation entre la proximité et l’éloignement, la réification et l’esthétisation ou encore la profanation et la glorification du corps féminin que réside également le charme spécifique des romans de notre corpus. === The second half of the 19th century in France saw the emergence of two seemingly antithetical phenomena: a proliferation of paintings of nude women and a boom in women’s fashion. This thesis analyses the representation of the female body in this era, focusing on the two themes of “nude” and “clothed,” and then examines their dialectical relationship in works of “realist” literature: Flaubert’s Madame Bovary and L’Éducation Sentimentale, the Goncourt brothers’ Manette Salomon, Edmond de Goncourt’s Chérie, and Zola’s La Curée, Nana, Au Bonheur des Dames and L’Œuvre constitute our main corpus. Although these authors, using their sharp observation of contemporary society and the filter of their own aesthetics, try to depict the life of women, in particular by evoking the full vitality of their bodies and without resorting to a superficial idealisation, a shift occurs, caused by the eroticism which is inseparable from the desire to know and write. The stronger the desire to penetrate and grasp the object of description that the female flesh constitutes, the more forcefully repulsion or fear springs forth. Our authors need to reify women or veil them in fetishised envelopes of clothing to give them their full value. In constructing their stories, they take their distance from the mercenary mentality and prudish hypocrisy of the bourgeois they criticise. But in their description of the female body, they too participate in the social idealisation and alienation which they recount but from which they never completely escape. Nonetheless, it is also in this oscillation between proximity and distance, reification and aestheticisation, or profanation and glorification of the female body that the specific charm of the novels in our corpus lies.