De Robinson Crusoé a Vanity Fair : la figure de lecteur dans les romans britanniques de 1719 a 1847

La figure de lecteur, prégnante dans les romans britanniques des XVIIIe et XIXe siècles, est porteuse de sens pour l’histoire du roman. Intimement liée à l’histoire du livre et à la discontinuité de lecture qu’impose la publication des romans en plusieurs volumes ou épisodes, elle s’impose aussi com...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Dupuy, Sonia
Other Authors: Paris 3
Language:fr
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2010PA030133
Description
Summary:La figure de lecteur, prégnante dans les romans britanniques des XVIIIe et XIXe siècles, est porteuse de sens pour l’histoire du roman. Intimement liée à l’histoire du livre et à la discontinuité de lecture qu’impose la publication des romans en plusieurs volumes ou épisodes, elle s’impose aussi comme une représentation plus ou moins fidèle du lectorat. La figure de lecteur reconstruit ainsi l’histoire complexe que le roman entretient avec ses lecteurs. Derrière une bienveillante volonté d’inviter le plus grand nombre à la lecture romanesque se cache en réalité une tendance à la définition du lectorat par exclusion. Pour aussi paradoxal que cela soit, le roman a peur de ses lecteurs. Mus par la volonté de dissocier le genre des vulgaires « romances », les auteurs ne vont avoir de cesse de repousser en marge de leur texte tant de lecteurs indésirables susceptibles de faire échouer l’édifice littéraire aux préceptes encore très classiques qui se met en place. Au-delà, la figure de lecteur ne saurait être qu’une simple affaire de représentation : elle est aussi un double narratif, une sorte de miroir érigé au narrateur-auteur qui met à profit ce reflet inversé pour construire l’instance narrative encore bien peu légitime qu’il représente. Figure de lecteur et narrateur-auteur sont indissociablement liés. Ainsi les variations d’apparition de la figure de lecteur dans le texte n’ont d’égal que la fragilité de la voix auctoriale et l’expression de l’angoisse de réception que trahit une très symptomatique rhétorique de dépréciation. === Pregnant as it is in 18th and 19thC British novels, the reader in the text is potent with meaning for the history of the novel. Related to the history of the book and the discontinuous act of reading imposed on readers by the publication of novels in different volumes or episodes, the reader figure may also be seen as a more or less faithful representation of actual readers. The reader figure thus retraces the complex history of the relationship between the novel and its readers. Behind what appears as a complacent will to invite the widest audience to the reading of novels, a more systematic tendency to define readership by exclusion can hardly be concealed. Paradoxical as this may be, the novel has much to fear from its readers. Moved by their will to have the genre clearly distinguished from vulgar romances, the authors will repeatedly push those unwelcome readers likely to lead the whole literary edifice to a collapse back to the margins of their texts. But the reader cannot just be a matter of representation: it also is a narrative double, a sort of mirror erected to the self-conscious narrator who uses it to build up the hardly legitimate literary authority he stands for. Thus the reader figure and the self-conscious narrator are linked by an indissolvable bond. The variations in number of reader figures only reverberate the frailty of the authorial voice and the anxiety of reception expressed in a highly symptomatic text-undermining rhetoric.