La musique dans la prose narrative moderniste espagnole

La littérature moderniste est musicale par essence. Elle souhaite éveiller des sensations chez le lecteur : le recours à la musique, art suggestif par antonomase, crée l’allusion. Comment sertir la musique dans la littérature ? Stéphane Mallarmé propose de « précéder les effets de la musique en redé...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Sorbier-Rawls, Julie
Other Authors: Montpellier 3
Language:fr
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.theses.fr/2010MON30038/document
Description
Summary:La littérature moderniste est musicale par essence. Elle souhaite éveiller des sensations chez le lecteur : le recours à la musique, art suggestif par antonomase, crée l’allusion. Comment sertir la musique dans la littérature ? Stéphane Mallarmé propose de « précéder les effets de la musique en redéfinissant celle-ci ‘d’où elle point’ » . Si l’art musical est naturellement porté par le poème, qu’en est-il de la prose ? En Espagne, Ramón María del Valle-Inclán offre un exemple probant de prose musicale dans ses Sonatas. Est-ce là tout ? Le projet mallarméen n’a-t-il pas rencontré d’écho parmi d’autres prosateurs espagnols ? Certes, l’intention y est ; les histoires de la littérature le confirment mais ne s’y attardent pas. Notre travail est donc double : il s’agit d’abord de retrouver des œuvres en prose modernistes espagnoles puis de les analyser par le prisme musical pour voir comment est saisi ce projet de fusion des arts. L'étude révèle que la musique de la prose, parfois imperceptible, raffine les sensations et sensibilise le lecteur à l’élégance, au rythme ou au phrasé d’un syntagme. En somme, la musique intérieure devient une propédeutique à l’ineffable. En creux de ce projet se dessine le rôle du poète dans la société. Celui-ci se présente comme un prêtre des temps modernes. Pourtant, le mythe auquel il tente de souscrire semble désincarné : sensible aux réalités de son époque, en quête d’un public féru de naturalisme, l’écrivain espagnol ne s’engage pas pleinement. Sa prose, hésitante, est souvent mièvre : cela explique qu’elle soit passée inaperçue aux yeux de l’histoire. === Modernist literature is by essence musical. It is meant to arouse the reader’s senses: the use of music, a suggestive art by excellence, creates the allusion. How can one insert music in literature? Stéphane Mallarmé suggests to precede the effects of music by redefining it from its origin. If the art of music is naturally expressed through a poem, how about through prose? In Spain, Ramón María del Valle-Inclán offers a prime example of musical prose in his Sonatas. Is this all that can be expected? Has there been no other echo of Mallarmé’s project in Spanish prose? Certainly the intention to do so exists; histories of literature confirm this intention but nothing more. Our work is going to be twofold: first we need to find Spanish modernist prose works, and then analyze these works through the prism of music in order to understand how the fusion of these arts (music and prose) is realized. The analysis reveals that the music of the prose, sometimes imperceptible, sharpens the senses and makes the reader more sensitive to the elegance, to the rhythm and the phrasing of a syntagm. In other words, the inner music paves the way to the ineffable. The poet’s role in society is described within this project. He presents himself as a modern times priest. Yet the myth to which he tries to subscribe lacks substance: sensitive to the realities of his time, in search of an audience keen on naturalism, the Spanish writer is not fully implicated. His prose is hesitant, often corny: this explains why it has passed unnoticed in history.