Summary: | Ce travail est un regard socio-anthropologique sur les inscriptions administratives et les questions qu’elles soulèvent. Il analyse le cas spécifique de l’état civil de Côte d’Ivoire au regard du contexte socioculturel. Il dégage quelques particularités de l’état civil de Côte d’Ivoire à travers l’examen de l’articulation entre le système officiel et les réalités locales. Y a-t-il eu de la part de la Côte d’Ivoire, au moment d’adopter en tant qu’Etat indépendant son propre système d’état civil, un effort de prise en compte de son contexte socioculturel local ? Les modèles et représentations que véhicule le système mis en place à l’indépendance ont-ils un minimum de cohérence avec ceux en cours dans les sociétés ivoiriennes ? Pris entre les impératifs de l’appareillage officiel d’écriture qu’est l’état civil d’une part et le contexte socioculturel d’autre part, comment les acteurs et plus spécialement les usagers se comportent-ils ? Quels types de représentations et pratiques déploient-ils ? Telles sont les interrogations auxquelles tentent de répondre cette recherche. Contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, au lendemain de son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire fait le choix d’un système d’état civil qui tient très peu compte du contexte local. Les analyses effectuées font apparaître un décalage entre les modèles (de famille, de mariage, d’identité) véhiculés par l’appareil d’inscription et ceux du contexte socioculturel. Alors que l’état civil promeut des modèles axés sur l’individu et la vérité de l’écrit, les pratiques et usages locaux font une large part au groupe et au non écrit. Cette inadéquation entre le système officiel et les réalités socioculturelles du milieu favorise, bien loin des attentes, un ensemble de représentations et pratiques ambiguës. === This essay is a socio-anthropological view on administrative inscriptions and the questions they give rise to. It is an analysis from the specific case of Côte d’Ivoire according to its socio-cultural context. It underlines a few particularities of the civil registry in Côte d’Ivoire through the examination of the articulation between the official system and local realities. Was there from the Côte d’Ivoire, at the time when the country adopted as an independent state its own civil registry system, an effort to consider its local socio-cultural context? Do the models and representations given and defended by the system that came into place at the independence, have a minimum of coherence with those that were already in place in the societies in Côte d’Ivoire? Caught between the imperatives of the official writing that civil registry represents on the one hand, and the sociocultural context on the other hand, how are people, especially users, reacting? What kind of representations do they use? What are their practices? Those are the questions this research is trying to answer to. Contrary to what could have been expected, the day after it gained its independence, the country of Côte d’Ivoire chose a system that did not really take into account the local context. The analyses show a difference between the models (of family, marriage and identity) given by the registration administration and those of the socio-cultural context. When the civil registry is promoting models built on the individual and the supremacy of the script, local customs and practices assign a considerable place to the group and are built on non-written elements. This discrepancy between the official system and the socio-cultural realities are supporting, far from the expectations, ambiguous representations and practices from the civil registry
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