Summary: | À Port-Royal, saint Bernard est considéré comme le « père » de la communauté cistercienne et comme « le dernier des Pères de l’Église », confirmant la doctrine de saint Augustin, « le plus grand des Pères ». L’étude de la source bernardine permet de comprendre l’unité de Port-Royal, notamment le lien entre vie monastique et augustinisme. Au XVIIe siècle, la postérité bernardine est portée par une tradition de vie (les réformes cisterciennes) et par une tradition écrite (la constitution, la traduction et la promotion de l’œuvre authentique de l’abbé de Clairvaux). Saint Bernard est l’une des effigies du catholicisme classique, forgée par Saint-Cyran et diffusée par Le Maistre. Avec la synthèse de Saint-Cyran, le « père » des religieuses de Port-Royal devient le modèle universel d’une réforme théologique et morale. Port-Royal se rassemble dans la tentative de retrouver l’unité brisée de la pensée et de la vie chrétiennes en revenant aux sources de la foi. Sur des sujets très divers (grâce et libre arbitre, amour de soi et amour de Dieu, l’obéissance, l’oraison, l’exégèse biblique, le socratisme chrétien), l’interprétation de l’œuvre bernardine est un révélateur de l’augustinisme de Port-Royal. Ainsi apparaissent deux ruptures capitales dans la tradition issue des Pères : d’une part, l’exégèse des moines médiévaux, fondée sur la théorie patristique du dévoilement des allégories et sur la manducation de la Parole de Dieu, est un modèle subverti et contesté ; d’autre part, la conception des rapports entre nature et grâce connaît une évolution décisive, défenseurs et adversaires de Jansénius lisant le corpus patristique avec des concepts identiques mais étrangers aux Pères. === Within Port-Royal, Saint Bernard was considered as the “Father” of the Cistercian community and as the “last Father of the Church”, confirming the doctrine of the “Greatest Father”, Saint Augustine. The study of the Bernardine source helps to understand Port-Royal’s unity, especially the link between monastic life and Augustinism. During the 17th century, Saint Bernard’s legacy was expressed by a tradition both in living (the Cistercian reforms) and in writing (the collection, translation and promotion of the Clairvaux abbot’s authentic work). Saint Bernard was an effigy of classical Catholicism, set up by Saint-Cyran and spread out by Le Maistre. With the Saint–Cyran’s synthesis, the “Father” of the Port-Royal nuns became the universal model of a theological and moral reform. Port-Royal mustered attempting to restore the broken unity of Christian living and thinking, through a return to the sources of the faith. On a large variety of subjects (grace and free will, love of oneself and love of God, obedience, prayer, Holy Scripture exegesis, Christian socratism), the interpretation of the Bernardine’s work reveals Port-Royal Augustinism. So, it appears that two crucial breaks occured in the tradition derived from the “Fathers”: on the one hand, the medieval monks’ exegesis based on the patristic theory of allegories revealing and on the Word of God’s “manducation” became a subverted and disputed model; on the other hand, the way of thinking the relation between nature and grace experienced a decisive change, defenders of and opponents to Jansenius reading the patristic corpus with concepts, albeit identical, differing from the ones of the “Fathers”.
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