Summary: | Maintes fois rééditées de 1559 au dix-huitième siècle, les histoires tragiques peuvent êtres lues comme un genre à succès, bien que non théorisé par les doctes à l’époque. Reposant sur une reprise de topoï romanesques, jouant avec différents modèles de récits et plusieurs genres à la mode de l’époque [roman sentimental, histoire prodigieuse, récit historique, fait divers, discours bigarré], allant jusqu’à des phénomènes d’hybridité générique, ces textes qui reprennent le même titre et s’écrivent et se lisent en série cherchent à étonner et à horrifier les lecteurs, en racontant des cas extraordinaires et sanglants, à la limite du vraisemblable, dans une visée proclamée d’exemplarité morale et d’édification. Proposant une vision paroxystique des vices humains et de leurs dramatiques conséquences, ces nouvelles spectaculaires exhibent une référence au tragique, tout en dépassant la tragédie en vers et en s’affranchissant de ses codes. Fruit d’une interaction entre les goûts macabres du public et des auteurs polygraphes vivant de leur plume, l’histoire tragique préfigure dans une certaine mesure les récits d’horreur, proposant un modèle de récit à sensation de l’âge baroque, qui plairait plus par sa démesure que par son exemplarité affichée. === Often republished from 1559 to the eighteenth century, « histoires tragiques » may be read as a fashionable genre, but not theorized at the time. These texts repeat the same topoi, playing with different narrative models and fashionable genres like romances, historical stories, prodigious stories, essays, and mixing them together. Constantly repeating the same title, all these stories telling gruesome bloody and sometimes unbelievable events, try to frighten and astonish the readers, even though they proclaim exemplarity and moralisation as purpose. Representing a paroxystic vision of crimes and passions, tragical stories obviously refer to the genre of tragedy, but they go beyond the theatrical form and become more like spectacular stories or « pictures ». The commercial success of this genre can be explained by the interaction between the reader’s bloodthristy tastes and the authors, who need to write for their living. « Histoires t! ragiques » can be considered as the ancestors of horror novels and short stories, because they invented a model of sensational story, more popular because of their excessive dimension than because of their exemplarity or moralisation.
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