Trauma, religion et culture : les divers rôles de la religion dans le processus pour faire face à la violence organisée en Colombie

L’objectif de cette thèse est d’explorer les rôles de la religion dans le processus pour faire face à une situation potentiellement traumatique de violence organisée ; et ce dans un contexte culturel, socio-économique et politique précis, à savoir celui de la Colombie. La Colombie est un pays où cul...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Sistiva, Diana
Other Authors: Bordeaux 2
Language:fr
Published: 2009
Subjects:
Idp
Online Access:http://www.theses.fr/2009BOR21696/document
Description
Summary:L’objectif de cette thèse est d’explorer les rôles de la religion dans le processus pour faire face à une situation potentiellement traumatique de violence organisée ; et ce dans un contexte culturel, socio-économique et politique précis, à savoir celui de la Colombie. La Colombie est un pays où culturellement la religion occupe une place importante dans la société. Elle connaît depuis plusieurs décennies un conflit armé ayant comme conséquence le déplacement forcé massif des populations à l’intérieur du pays. Cette recherche a une approche de psychologie culturelle, et se sert d’une méthodologie qualitative, avec des entretiens semi-structurés. Les participants comprennent 51 adultes déplacés (26 hommes et 25 femmes), et deux informants clés. Quatre thèmes sont explorés : a) le déplacement b) la religion au quotidien, c) les changements dans leur religion suite au déplacement, et d) les rôles de la religion dans l’expérience du déplacement. Les résultats montrent que la religion est importante pour les déplacés. Catholiques pour la plupart, leur religion est centrée sur une relation personnalisée et directe à Dieu, malgré les rituels collectifs pratiqués. Les déplacés vivent une religion culturellement ancrée, résistante à l’adversité : après le déplacement elle est soit restée inchangée, soit s’est renforcée. Concernant le déplacement, les aspects les plus marquants sont l’intensité des violences infligées, le caractère imminent des départs et la précarité à laquelle les déplacés sont confrontés en arrivant à Bogota. Malgré ces conditions et la souffrance éprouvée, il faut remarquer leur capacité à composer avec les ressources disponibles, et ce de manière active, souple et diversifiée. Plusieurs rôles de la religion ont été repérés dans ce processus. Ils ont été regroupés par leur fonctionnalité, en cinq groupes : a) pourvoyeur de sens, b) conservateur d’une stabilité, c) catalyseur de transformations, d) source de soutien social, et e) aspects potentiellement nocifs. La religion semble être pour cet échantillon une ressource salutaire, capable de s’articuler harmonieusement avec des ressources non religieuses, pour potentialiser leurs capacités et favoriser l’adaptation. Seule la culpabilité semble avoir un effet nocif, dont la fonctionnalité reste à explorer. La discussion des résultats souligne la pertinence d’étudier la religion d’un point de vue fonctionnel et fait le lien entre la relation à Dieu observée et la théorie de attachement. De plus, elle évalue les limites de l’étude et propose des pistes pour les futures recherches. === The purpose of this study is to explore the roles of religion in coping with a potentially traumatic situation of organized violence, in a particular cultural, socio-economic and political context, such as the Colombian one. In Colombia, religion as a cultural aspect has a significant place in Colombian society. It also deals with an armed conflict which lasts for several decades now and has resulted in the phenomenon of massive internal displacement of populations. This research has a cultural psychology approach and uses a qualitative methodology with semi-structured interviews. Participants include 51 adults, internally displaced people (IDP), (26 men and 25 women), and two key informants. Four topics are explored: a) their displacement, b) religion in every-day life, c) changes in their religion following displacement, d) the roles of religion during their displacement experience. Results show that religion is important for Colombian IDP’s. Mostly Catholics, their religion is centered on a direct and personalized relationship with God, in spite of the collective rituals they practice. In this sample, displaced people experience religion as a culturally anchored pattern, resistant to adversity: after displacement their religion remained either unchanged or reinforced. Concerning the displacement, the most salient aspects are the intensity of violence they went through, the imminence of departures, and the precariousness they have to deal with at arrival. In spite of these conditions and all the suffering they undergo, IDP’s show a remarkable capacity to cope with the available resources in an active, flexible and diversified way. Several roles of religion have been identified. They have been gathered according to their functionality into five categories: a) meaning provider, b) stability conservator, c) transformations catalyst, d) social support source, and e) potentially harmful aspects. Religion seems to be, for this sample, a constructive resource, capable of articulating itself harmonically with other non religious resources in order to enhance individuals skills and facilitate their adjustment. Only guiltiness seems to have a harmful effect in this process and its functionality is to be explored. Discussion of results underlines the pertinence of studying religion in a functional way and it links data to attachment theory. Finally, it evaluates the limits of this study and proposes some clues for future research. === El objetivo de esta tesis doctoral es explorar los roles de la religión en el afrontamiento de una situación potencialmente traumática de violencia organizada, en un contexto cultural, socio-económico y político específico, como el de Colombia. Colombia es un país donde culturalmente la religión ocupa un lugar importante en la sociedad. Este país vive, desde hace varias décadas, un conflicto armado que ha traído como consecuencia el desplazamiento interno forzado y masivo de la población. La investigación tiene una orientación de psicología cultural y utiliza una metodología cualitativa, con entrevistas semi-estructuradas. Los participantes incluyen 51 adultos desplazados por la violencia (26 hombres y 25 mujeres), y dos informantes clave. Cuatro temas son explorados: a) el desplazamiento, b) la religión en la vida cotidiana, c) los cambios en la religión causados por el desplazamiento, y d) los roles de la religión en la experiencia del desplazamiento. Los resultados muestran que la religión es importante para los desplazados. Católicos en su mayoría, su religión está centrada en una relación personalizada y directa con Dios, a pesar de los rituales colectivos practicados. Los desplazados viven una religión culturalmente arraigada, resistente a la adversidad: después del desplazamiento, ésta siguió igual o se reforzó. En cuanto al desplazamiento, los aspectos que sobresalen son la intensidad de la violencia, la inminencia de la partida y la precariedad que deben afrontar al llegar a Bogotá. A pesar de estas condiciones y del sufrimiento que viven, es de notar la capacidad de manejar los recursos disponibles de manera activa, flexible y diversificada. Varios roles de la religion fueron identificados: a) fuente de significado, b) conservador de una estabilidad, c) catalizador de transformaciones, d) fuente de apoyo social, y e) aspectos potencialmente nocivos La religión parece ser, para esta muestra, un recurso saludable, capaz de de articularse armoniosamente con recursos no religiosos, para potencializar sus capacidades y favorecer la adaptación. Sólo la culpabilidad parece tener un efecto nocivo y su funcionalidad debe ser explorada. La discusión de los resultados resalta la pertinencia de estudiar la religión desde un punto de vista funcional y establece un lazo entre la relación con Dios observada y la teoría del apego. Por último, se evaluán los límites del estudio y se proponen algunas pistas para futuras investigaciones.