Parodie et construction identitaire

L’œuvre de Patrick Chamoiseau se singularise par sa dimension esthétique qui fait de la parodie le style du récit épique. À travers ses œuvres, notamment Texaco et Solibo Magnifique, l’auteur semble s’approprier l’épopée traditionnelle qu’il inscrit au cœur de sa structure narrative. L’expérience do...

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Bibliographic Details
Main Author: Ategomo Ymele, Martial
Language:fr
Published: 2012
Subjects:
Online Access:http://hdl.handle.net/10012/6696
Description
Summary:L’œuvre de Patrick Chamoiseau se singularise par sa dimension esthétique qui fait de la parodie le style du récit épique. À travers ses œuvres, notamment Texaco et Solibo Magnifique, l’auteur semble s’approprier l’épopée traditionnelle qu’il inscrit au cœur de sa structure narrative. L’expérience douloureuse du passé esclavagiste, ayant bâillonné la parole créole pendant la période coloniale, motive la réécriture du passé historique antillais à l’époque contemporaine. Alors, comment donner une certaine fierté à ce passé, écrire le récit épique de gens simples dont le dénominateur commun est la pauvreté, la misère et un héritage ancestral peu glorieux? Par le procédé de la parodie, Patrick Chamoiseau s’approprie le genre épique traditionnel et le redéfinit. Le mécanisme de la parodie épique qu’il met en relief permet de dénoncer la domination en même temps qu’il se donne comme forme de résistance. Par ailleurs, elle démontre que Chamoiseau se donne pour tâche de réécrire l’histoire antillaise, posant, par le prétexte de l’enquête, une interrogation au cœur même de l’identité martiniquaise. Notre travail nous amène en outre à lier le recours à l’épopée à la disparition progressive d’une composante essentielle de la culture antillaise selon Chamoiseau : l’oralité. Nous appuyant sur une lecture postcoloniale inspirée de Homi Bhabha, notre analyse permettra de voir que Chamoiseau fait de l’épopée un symbole : celui de la vie des Martiniquais par l’histoire, mais aussi celui de la construction d’une identité hybride à l’image du créole parlé, qui cependant se trouve en perpétuelle transformation, en devenir constant. Il se détourne de cette histoire caribéenne communément perçue comme problématique pour mettre en exergue sa richesse africaine faite de la tradition des chefs, des maîtres de la parole dont la maîtrise de l’art oratoire ne souffre aucune contestation, faisant d’eux des hommes du peuple, des gardiens de l’histoire originale.