Summary: | II est reconnu que les individus porteurs d'une lésion temporale de l'hémisphère droit sont généralement moins performants dans les tâches de mémoire visuelle alors que leur mémoire verbale demeure adéquate. Le Rey Auditory-Verbal Learning Test (RAVLT ; Rey, 1941), qui évalue la mémoire verbale, et la Figure complexe de Rey (FCR ; Rey, 1941), qui évalue la mémoire visuelle, permettent de vérifier l'intégrité des processus mnésiques des patients. Cependant, les nombreuses différences au niveau de leur technique d'administration rendent les résultats difficilement comparables entre les modalités verbale et visuelle. Cette recherche propose une technique d'administration de la FCR calquée sur celle du RAVLT permettant la construction d'une courbe d'apprentissage au fil des essais et rendant les résultats comparables entre les deux formes d'apprentissage. Une préexpérimentation a été effectuée auprès de 51 adultes normaux divisés en six groupes qui ont rappelé la FCR après des temps d'exposition différents variant de 5 à 30 s par tranche de 5 s. Elle a permis d'établir que le temps d'exposition de la FCR permettant d'atteindre un critère de rétention minimale en mémoire visuelle établi selon les normes du RAVLT était de 30 secondes. Une analyse des résultats a démontré que le temps d'exposition et l'âge avaient un effet d'interaction significatif avec l'apprentissage excepté au premier rappel. Ce dernier est donc indépendant du groupe d'âge et du temps d'exposition. Par la suite, la nouvelle technique d'administration a été expérimentée auprès de trois participants cérébrolésés au lobe temporal droit et d'un groupe de contrôle paire (âge, sexe et scolarité). Deux méthodes de cotation des résultats ont été utilisées : la méthode quantitative d'Osterrieth (1944) et la méthode qualitative de Loring, Lee et Meador (1988). Il était attendu qu'une courbe d'apprentissage pourrait être élaborée à l'aide de la nouvelle technique d'administration et ce, chez les participants des deux groupes. Il était prévu que les participants cérébrolésés auraient une qualité d'apprentissage ainsi qu'un résultat au rappel différé après 20 minutes inférieurs à ceux des normaux, et qu'ils échoueraient davantage à l'épreuve de reconnaissance. Enfin, il était attendu que la méthode de Loring et al. (1988) permettrait de confirmer les résultats obtenus à l'aide de la méthode d'Osterrieth (1944) ou de discriminer les résultats lorsque ceux-ci étaient égaux. L'analyse des résultats a démontré que la capacité d'apprentissage en mémoire visuelle des participants cérébrolésés était toujours présente. Cependant, la quantité d'informations apprise entre le premier et le cinquième essai de rappel libre ainsi que les résultats obtenus au rappel différé étaient, en général, inférieurs à ceux des participants normaux. Il semble néanmoins que le temps écoulé depuis l'AVC ou le traumatisme crânien soit un facteur important à considérer. En effet, plus le temps écoulé depuis la lésion cérébrale était important, meilleur était le rendement des participants cérébrolésés. Par contre, l'épreuve de reconnaissance de la FCR a été aussi bien réussie dans un groupe que dans l'autre. Enfin, bien que les participants cérébrolésés aient commis en général plus d'erreurs qualitatives que les participants normaux, l'ajout complémentaire de la méthode qualitative de Loring et al. (1988) n'a pas permis de distinguer davantage les deux groupes de participants ou de confirmer les résultats obtenus à l'aide de la méthode quantitative d'Osterrieth (1944).
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