Le carnavalesque dans Ubu d'Alfred Jarry
Ce mémoire porte sur l'imagerie comique carnavalesque dans le cycle d'Ubu. Le carnavalesque est une notion que Bakhtine a développée principalement dans son essai intitulé L'?uvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance. Mikhaïl Bakhtine voy...
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2004
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Études littéraires Tremblay, Caroline Le carnavalesque dans Ubu d'Alfred Jarry |
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Ce mémoire porte sur l'imagerie comique carnavalesque dans le cycle d'Ubu. Le carnavalesque est une notion que Bakhtine a développée principalement dans son essai intitulé L'?uvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance.
Mikhaïl Bakhtine voyait le carnaval comme une des principales composantes de la culture populaire du Moyen Age et de l'époque de Rabelais. Selon ses dires, « c'est dans l'oeuvre de Rabelais que le rire du Moyen Âge a trouvé son expression suprême. » Pour définir l'écriture de Rabelais, il se sert d?expressions telles que « réalisme grotesque » ou « carnavalesque ». Le carnaval tue la vieille vérité pour faire naître une vérité nouvelle. Cette vieille vérité, ou vérité officielle, appartient au clergé, au pouvoir, aux agélastes. Le carnavalesque renvoie l'ancienne vérité dans les enfers, c'est-à-dire le ventre, les excréments, la terre. Son imagerie peut donc paraître grossière, car elle laisse beaucoup de place au scatologique, aux organes génitaux, etc. Toutefois, Bakhtine fait une différence très nette entre l'humour scatologique moderne, qu'il qualifie de cynique et de grossier, et le scatologique dans le réalisme grotesque du Moyen Âge et de la Renaissance, qui permet de faire table rase du passé et de se tourner vers l'avenir. On peut cependant ajouter que ce renversement, circulaire et non linéaire dans le carnaval du Moyen Âge, permet de renier la tradition pendant la durée d'une fête, mais pour renouveler l'adhésion aux vieilles valeurs, de la religion et des convenances, en dehors des périodes de foire ou de carnaval.
À prime abord, Ubu est plus satirique que comique: en effet, que d'ironie dans les pages écrites par Jarry: « Mère Ubu, tu es bien laide aujourd'hui. Est-ce parce que nous avons du monde ?» Cependant, si Ubu semble tout ridiculiser, tout rabaisser dans un but de destruction purement nihiliste, en s'en prenant par exemple à la férocité des maîtres de ce monde ou à la science, il ne s'agit pourtant pas de négation pure, mais bien d'une ambivalence carnavalesque, c'est-à-dire de l'anéantissement de la pensée officielle au profit de la naissance d'une vérité nouvelle, plutôt bouffonne et ironique, appelée la pataphysique.
L'ironie n'y est pas purement sarcastique, mais carnavalesque, puisque souvent, derrière l'injure se cache une louange ou derrière une louange, une injure. Contrairement à l'humour, qui cherche à railler de façon purement négative et qui comprend l'ironie et la satire, le comique correspond davantage au rire du carnaval, de la fête, des bouffons et du burlesque. Il ne détruit pas unilatéralement, ne vise pas un individu en particulier, mais se moque du monde entier.
Le présent mémoire portera sur les pièces d'Ubu suivantes: Ubu roi, Ubu cocu et ses variantes, Ubu cocu et l'Archéoptéryx et Onésime ou les Tribulations de Priou et Ubu enchaîné. Je m'intéresserai à certains éléments carnavalesques qui jouent un rôle important dans ces pièces: le renversement de la hiérarchie et des valeurs, le ventre en tant que figure carnavalesque, le dépeçage et le découpage du corps et la femme carnavalesque. Il s'agira de montrer que, même si Ubu est sans contredit plus moderne et satirique que les ?uvres de Rabelais, par exemple, que Bakhtine a étudiées sous l'angle de la notion du carnaval, il demeure néanmoins que l'esprit grotesque traverse tout le cycle d'Ubu.
Il y a bien sûr d'autres textes s'inspirant de Rabelais, tel le Pantagruel, mais mon étude se borne au cycle d'Ubu pour mieux me concentrer sur les éléments carnavalesques de cette ?uvre en particulier. Je me servirai ainsi de certains passages des livres de Rabelais pour mieux mettre en évidence quelques aspects grotesques d'Ubu, mais non pour faire une analyse intertextuelle ou comparative.
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