Les mondes possibles du Nom de la rose / : mémoire présenté à l'Université du Québec à Chicoutimi comme exigence partielle de la maîtrise en études littéraires par Lyne Girard.

Ce mémoire propose une lecture du roman le Nom de la rose (1982), d'Umberto Eco, déployée sur quatre lectures complémentaires. Ces lectures sont balisées par une double articulation, soit, d'une part, en fonction d'un relais de lecteurs (personnage, narrateur ou auteur supposé), et, d...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Girard, Lyne
Format: Others
Language:fr
Published: 2004
Subjects:
Online Access:http://constellation.uqac.ca/675/1/18230761.pdf
Description
Summary:Ce mémoire propose une lecture du roman le Nom de la rose (1982), d'Umberto Eco, déployée sur quatre lectures complémentaires. Ces lectures sont balisées par une double articulation, soit, d'une part, en fonction d'un relais de lecteurs (personnage, narrateur ou auteur supposé), et, d'autre part, en fonction des quatre sens proposés par l'exégèse biblique pour la lecture des textes sacrés au Moyen Age (sens littéral, sens allégorique, sens moral et sens anagogique). Le relais de lecteurs est une caractéristique fondamentale du récit, puisque chacun de ces lecteurs portera un regard différent sur les événements racontés dans le roman. D'abord, Guillaume de Baskerville, franciscain et empiriste, s'étant rendu dans une célèbre abbaye italienne pour servir l'empereur, se voit confier par l'abbé de l'abbaye en question la mission de résoudre une sombre affaire de meurtre. Il s'emploiera à lire les traces laissées par les victimes et le meurtrier présumé, sur le parchemin du monde, pour trouver réponses à ses interrogations. Son second, un jeune novice du nom d'Adso de Melk, s'efforcera de suivre les raisonnements de son maître. Cependant, sa lecture des événements sera d'un tout autre ordre et il vivra des expériences contradictoires qui le lanceront dans une quête d'identité et de vérité. C'est par l'entremise de la vision, de l'hallucination et du rêve qu'il organisera son interprétation des événements et résoudra en partie sa quête. L'ensemble des événements est rendu par Adso de Melk (donc le narrateur), alors âgé de 80 ans. Il a pris du recul et porte un nouveau regard sur les événements passés. C'est à l'approche de la mort qu'il se sent enfin prêt à rendre témoignage des expériences vécues lors de son passage dans l'abbaye bénédictine. Finalement, à notre époque, une traduction française du manuscrit de Dom Adso de Melk tombe entre les mains d'un jeune écrivain féru du Moyen Age qui, après s'être questionné sur l'authenticité des événements racontés, décide de publier sa traduction italienne du récit sous la forme du roman le Nom de la rose. Ces lectures ont respectivement été jumelées aux quatre sens de l'exégèse biblique : Guillaume de Baskerville à la lecture littérale; le jeune Adso à la lecture allégorique; le vieil Adso à la lecture morale; le jeune écrivain à la lecture anagogique. La succession des lecteurs est illustrée à l'aide de la théorie de la coopération textuelle proposée par Eco dans Lector in Fabula (1985), coopération s'instituant entre le lecteur et le texte (ou les événements) et conduisant le lecteur à assumer sa lecture en traversant une sorte de point limite, qu'Eco nomme le lecteur-sur-le-seuil {les Limites de l'interprétation, 1992), pour devenir auteur et être lu à son tour. L'addition de ces lectures conduit à une vision différente du roman le Nom de la rose. Elle permet de percevoir le récit comme une représentation romanesque de la problématique de l'écriture d'un livre.