Summary: | Le concept de représentations mentales est central auprès de certains modèles psychothérapeutiques, comme la thérapie centrée sur le transfert (Clarkin, Yeomans et Kernberg, 2006) et la thérapie métacognitive interpersonnelle (Dimaggio, Semerari, Carcione, Nicolò et Procacci., 2007; Dimaggio et Lysaker, 2010). Cependant, personne n’a étudié les liens entre ces deux modèles théoriques et psychothérapeutiques. Pourtant, ces deux modèles possèdent plusieurs similitudes relativement aux représentations mentales. Le modèle théorique de Kernberg (Kernberg et Caligor, 2005), sur lequel se base la thérapie centrée sur le transfert, regroupe quatre organisations de la personnalité différentes, soit les organisations de la personnalité psychotique, limite, névrotique et normale. Chacune de ces organisations de la personnalité ont des représentations mentales différentes, allant de non-intégrées, instables et irréalistes à intégrées, stables et réalistes. Or, les recherches sur la métacognition appuient l’hypothèse selon laquelle les individus ont des capacités de représentations mentales plus ou moins intégrées selon différentes psychopathologies (Semerari et al., 2003). Celles-ci vont d’un continuum allant de l’incapacité à identifier, décrire et réfléchir sur ses propres états mentaux ou celui des autres, à la capacité de relier simultanément plusieurs états d’esprit potentiellement contradictoires (Carcione et al., 2010). Afin de déterminer si les théories des organisations de la personnalité et de la métacognition se chevauchent sur le plan des représentations mentales, les résultats obtenus au Personality Organization Diagnostic Form, (PODF; Diguer, Normandin et Hébert, 2001) ainsi qu’au Metacognition Assessment Scale (MAS; Carcione et al., 2010) ont été utilisés. Ceci a permis d’évaluer les représentations mentales (selon le MAS) du modèle théorique de la métacognition au sein des organisations de la personnalité limite et névrotique du modèle théorique de Kernberg (selon le PODF; 1975; Kernberg et Caligor, 2005). Vingt participants, dont huit hommes et douze femmes âgés en moyenne de 28,7 ans (É-T = 8,07) ont été recrutés à l’Université du Québec à Chicoutimi. Parmi ceux-ci, huit étaient d’organisation de la personnalité limite et douze étaient d’organisation de la personnalité névrotique. Une analyse corrélationnelle préliminaire a confirmé la présence de liens entre les organisations de la personnalité et les trois sous-fonctions de la métacognition. En plus de déterminer si les fonctions de la métacognition ont des liens avec les organisations de la personnalité, une seconde hypothèse avait pour objectif de vérifier s’il existait des différences significatives entre les scores globaux de la métacognition pour les organisations de la personnalité psychotique, limite et névrotique. Pour ce faire, une analyse discriminante descriptive et une comparaison entre les moyennes ont été réalisées. L’analyse discriminante descriptive a confirmé la présence d’une fonction discriminante expliquant 39,3% de la variance des organisations de la personnalité avec une corrélation canonique Rc = ,627. Cette fonction a discriminé de manière statistiquement significative les organisations de la personnalité, Λ = ,607, χ²(3) = 8,249, p = ,041. De plus, la compréhension de l’esprit des autres (r = ,854) était la variable qui discriminait le mieux les organisations de la personnalité, alors que la capacité de maîtrise (r = ,680) et la compréhension de son propre esprit (r = ,467) avaient une influence moindre. Par conséquent, l’analyse discriminante descriptive a confirmé que les trois fonctions de la métacognition permettent de discriminer les organisations de la personnalité limite et névrotique. Finalement, le test de Wilcoxon confirme que les individus d’organisation de personnalité limite (Mdn = 7,13) avaient des capacités de métacognition significativement plus faibles que les individus d’organisation de la personnalité névrotique (Mdn = 12,75), Ws = 57,00, z = −2,08, p < ,05, r = -,47. Ces analyses statistiques appuient la théorie des représentations mentales du modèle des organisations de la personnalité de Kernberg (1975; Kernberg et Caligor, 2005), en plus de constituer un facteur supplémentaire à considérer pour discriminer les organisations de la personnalité limite et névrotique. Ces résultats permettent notamment de soutenir certains éléments des théories des organisations de la personnalité et de la métacognition qui n’avaient pas été étudiés quantitativement par le passé. Enfin, l’intégration des représentations mentales semble constituer une cible de travail à maintenir en tant que facteur commun pour les psychothérapies traitant les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité limite.
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