Summary: | Les résistances bactériennes aux antibiotiques sont de plus en plus nombreuses et ce phénomène s’avère une préoccupation très importante de la communauté médicale. L’utilisation des antibiotiques commerciaux comme promoteurs de croissance animale est l’une des causes probables. La substitution de ceux-ci par des produits naturels antibactériens, tels que les huiles essentielles, est une alternative intéressante. En effet, les huiles essentielles sont largement connues
pour leurs propriétés antimicrobiennes. Par contre, celles provenant de la forêt boréale ont rarement constitué un sujet d’étude. Les plantes qui la composent
forment donc une banque potentielle de nouveaux promoteurs de croissance. C'est dans ce but que le Laboratoire d'Analyse et de Séparation des Essences Végétales (LASEVE) de l'Université du Québec à Chicoutimi a mis en place ce projet de recherche. Un criblage chimique et biologique a été effectué sur 17 plantes de la forêt boréale. Lors de ces travaux, ce sont Tussilago farfara (L.) et Tanacetum vulgare (L.) qui se sont démarqués pour leurs compositions chimiques particulières
et leurs activités biologiques. Ces deux huiles sont actives contre E. coli (T. farfara : MIC90 = 1511 ± 85 μg; T. vulgare : MIC90 = 331 ± 7 μg) et S. aureus (T. farfara : MIC90 = 170 ± 11 μg; T. vulgare : MIC90 = 228 ± 22 μg). Afin d'identifier les molécules principalement responsables de ces activités antibactériennes, les compositions chimiques ont été analysées par chromatographie gazeuse. L’huile essentielle de T. farfara est composée de molécules aliphatiques (42%), de monoterpènes (32%), de sesquiterpènes (10 %) et d’acides gras (5 %). Les composés majoritaires sont le 1-nonène (40 %), l’α-phellandrène (26 %), le p-cymène (7 %), le 1,10-undecadiène (4%), l’acide dodécanoïque (2 %) ainsi que le 1-decène (1 %). L’activité antibactérienne contre E. coli de cette huile essentielle est expliquée par l’acide dodécanoïque (6,6 ± 0,4 μg), le 1-decène (11 ± 1 μg), l’α-phellandrène (12 ± 1 μg), le β-caryophyllène (24 ± 1 μg), le (E)-cyclodecène (25,8 ± 0,9 μg), le p-cymène (26,3 ± 3,1 μg), le tricosane (31 ± 2 μg) et le tétracosane (35 ± 4 μg). Contre S. aureus se sont le
p-cymène et l’acide dodécanoïque, respectivement avec une MIC90 de 5,6 ± 0,2 μg et 6,0 ± 0,2 μg, qui sont, en partie, à l’origine de l’activité. Pour ce qui est de
T. vulgare, l’huile est plutôt composée de monoterpènes (89 %) et de sesquiterpènes (6 %). La majeure partie étant constituée de camphre (30 %), de bornéol (10 %), de
1,8-cinéole (10 %), de camphène (7 %) et de l’acétate de bornyle (5 %). Ce sont l’α-phellandrène (10 ± 1 μg), le β-caryophyllène (16 ± 1 μg), l’acétate de bornyle (21 ±
1 μg), l’oxide de caryophyllène (21 ± 1 μg), le camphre (22 ± 1 μg) ainsi que le pcymène (26 ± 3 μg) qui expliquent l’activité de cette huile contre E. coli. L’activité contre S. aureus est, quant à elle, expliquée par le p-cymène (5,6 ± 0,2 μg) et le camphre (26,3 ± 3,1 μg). En conclusion, nos résultats montrent que la forêt boréale est une source d’huiles essentielles qui ont de propriétés antibactériennes. Elles pourraient être envisagées comme remplacement aux antibiotiques commerciaux actuellement utilisés comme facteur de croissance.
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