Summary: | L'un des postulats qui sous-tend cette recherche qualitative est que le caractère absolu, exclusif et indivisible de la souveraineté politique n'est plus justifiable dans un contexte où des revendications conflictuelles en regard de la souveraineté abondent. L'objectif poursuivi par ce travail consiste à explorer une conceptualisation de la souveraineté qui sied mieux à la multiplication des sites de gouvernance et à la diffusion de l'autorité publique.
C'est ce qui explique le choix de scruter la théorie politique d'Althusius, d'abord comprise comme un système de souveraineté partagée. Celui qui a parfois été désigné comme « le plus profond penseur politique entre Bodin et Hobbes »' organise la diversité dans un projet fédéral ascendant et pluraliste. Ce modèle de souveraineté n'abdique pas devant la diversité mais recherche plutôt des façons harmonieuses et politiques de l'organiser. Bien que pré-moderne, il fournit des notions conceptuelles susceptibles de contribuer à réduire les tensions entre les particularismes et les universalismes à une époque où les revendications normatives à l'autorité se multiplient à des échelons autres qu'étatiques. Si Bodin a pensé assimiler les factions dans un ordre politique hiérarchique et unitaire, Althusius s'est plutôt évertué à protéger la diversité dans un ordre constitutionnel horizontal et subsidiaire.
C'est à travers ce prisme théorique que cette étude se propose d'étudier les dévolutions britanniques. L'hypothèse qui sera défendue est que le transfert de pouvoirs politiques vers les nouveaux parlements régionaux traduit un processus dynamique qui peut être interprété grâce au fédéralisme ascendant d'Althusius. L'objectif est d'étayer l'hypothèse de ce rapprochement grâce à l'analyse des principaux concepts qui organisent la théorie d'Althusius : la co-souveraineté, la politique entendue comme un processus de construction communautaire et la subsidiarité.
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