Contribution de la reconnaissance des émotions et de l'attention sélective sur la capacité de mentalisation dans le trouble de la personnalité borderline : une étude exploratoire

Cette étude a pour objectif de mieux comprendre le déficit de la mentalisation associé à la psychopathologie du trouble de la personnalité borderline (TPB)1. Ce trouble de la personnalité se caractérise globalement par une instabilité et une impulsivité touchant plusieurs sphères, soit les sphères a...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Morissette, Marie-Ève
Format: Others
Language:fr
Published: 2014
Subjects:
Online Access:http://constellation.uqac.ca/2898/1/Morissette_uqac_0862D_10005.pdf
Description
Summary:Cette étude a pour objectif de mieux comprendre le déficit de la mentalisation associé à la psychopathologie du trouble de la personnalité borderline (TPB)1. Ce trouble de la personnalité se caractérise globalement par une instabilité et une impulsivité touchant plusieurs sphères, soit les sphères affective, interpersonnelle et identitaire (American Psychiatrie Association, 2003). Un groupe influent de cliniciens-chercheurs propose qu'un déficit de mentalisation soit à la base de la symptomatologie du TPB, c'est-à-dire une difficulté à présumer et à comprendre l'expérience subjective d'autrui, de même que sa propre expérience subjective (Fonagy, 2003; Fonagy, Gergely & Target, 2007). De plus, la capacité à reconnaître les émotions d'autrui avec justesse (Bateman, 2007), de même qu'un fonctionnement attentionnel efficace (Moses, Carlson & Sabbagh, 2005) peuvent constituer des prérequis à la mentalisation. En conséquence, cette étude compare la capacité de mentalisation de participantes avec TPB et celle d'un groupe contrôle à l'aide de tâches évaluant la capacité de conception d'une théorie de l'esprit. L'objectif consiste d'abord à vérifier si un déficit d'élaboration d'une théorie de l'esprit pouvait être objectivé chez des femmes avec un TPB. Le second objectif vise à vérifier l'existence de liens entre cette capacité de mentalisation et la capacité de reconnaissance des émotions et de l'efficacité du contrôle attentionnel, plus précisément de la capacité d'attention sélective. Au total, 11 femmes présentant un TPB ont été recrutées au Centre de traitement Le Faubourg St-Jean de Québec. Un échantillon comparatif constitué de 9 femmes sans TBP a été recruté dans la population générale. Les deux groupes ont répondu à un protocole de tests comprenant des épreuves mesurant la capacité de mentalisation (le test de Faux-pas, l'épreuve de Fausses-croyances de premier et second ordre et le Reading the Mind in the Eyes), un test mesurant la capacité d'attention sélective (le test de Stroop), un test mesurant la capacité de reconnaissance émotive (le Picture Of Facial Affect), ainsi qu'une mesure auto-rapportée de l'intensivité émotive vécue (L'Affect Intensity Measure). Les résultats révèlent qu'il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes aux tests mesurant la mentalisation et la reconnaissance émotive. Toutefois, le groupe de femmes TPB présentent une moins bonne performance que le groupe contrôle à l'épreuve mesurant l'attention sélective. Elles présentent également un score significativement plus élevé que le groupe contrôle sur la mesure d'intensité émotionnelle. De plus, une association positive a été observée entre ces deux variables, soit le score d'interférence de la mesure de l'attention sélective et le score de l'intensité émotionnelle. Cela vient appuyer l'idée selon laquelle l'intensité émotive accrue est accompagnée d'une capacité d'attention sélective moindre. La différence significative entre les groupes concernant l'attention sélective et l'intensité émotionnelle vécue permet de rendre compte de l'importance de ces facteurs chez certaines femmes avec TPB. Afin de comprendre ces observations, certaines particularités, dont entres autres l'absence d'induction d'une réponse émotive des tests ainsi que la complexité des aspects que ces instruments mesurent sont discutés. L'hypervigilance aux signaux d'alertes sociaux présente chez les personnes présentant un TPB est aussi considérée comme facteur d'interprétation.