Summary: | La situation des jeunes présentant des troubles mentaux s'avère préoccupante considérant que cette problématique touche une proportion importante de jeunes. En effet, selon le Comité d'experts sur l'organisation des soins en santé mentale (2004), les statistiques pour la population jeunesse indiquent que 15% à 20% des jeunes âgés de moins de 17 ans présentent un trouble mental, soit l'équivalent de 230 000 jeunes au Québec. Parmi ces jeunes, le tiers connaîtra un trouble mental grave (Comité d'experts sur l'organisation des soins en santé mentale, 2004). De surcroît, certaines statistiques québécoises mentionnent que les troubles mentaux graves sont deux fois plus présents chez les 0-17 ans (5-7%) que chez les personnes âgées de plus de 18 ans (2-3%) (MSSS, 2005). En 2004, un nouveau mandat a été confié clairement aux centres jeunesse : celui de réadapter ces jeunes. Ce mandat a motivé la réalisation de la présente étude puisque cette situation nécessite désormais le développement d'une expertise en santé mentale particulièrement chez ces établissements. Parmi les jeunes suivis en milieu familial au Centre jeunesse de Québec, une étude exploratoire révèle que 29,1% des ces jeunes ont au moins un diagnostic de trouble mental inscrit à leur dossier (Nadeau et Patrie, 2008). Pour les jeunes hébergés en centre de réadaptation, en foyer de groupe et en ressources intermédiaires, ce pourcentage augmente à 45% (Comité de travail sur la santé mentale des jeunes suivis par les centres jeunesse, 2007). La situation devient alarmante lorsqu'on constate que le fait d'avoir un certain type de trouble mental constitue un facteur de risque pour un suicide complété (Zoccolillo et Huard, 1999). Ce risque est considéré comme étant cinq fois supérieur chez les jeunes suivis en centre jeunesse en comparaison aux jeunes en général (Chagnon, 2000).
En lien avec ces préoccupations, ce mémoire visait à répondre à la question suivante : Quels sont les facteurs qui facilitent ou entravent l'intervention auprès des jeunes qui présentent un ou des troubles mentaux au Centre jeunesse Saguenay-Lac-Saint- Jean? Afin d'y arriver, une étude exploratoire a été réalisée auprès de six intervenants sociaux oeuvrant dans cet établissement. L'étude exploratoire de type qualitatif a permis d'examiner en profondeur le vécu des intervenants par rapport à l'intervention auprès des jeunes. L'objectif principal de la recherche consistait à identifier les caractéristiques susceptibles d'exercer une influence tant sur l'intervention que sur le niveau de participation sociale des jeunes présentant un ou des troubles mentaux. Les participants à la recherche ont été ainsi invités à parler de deux situations critiques d'intervention : l'une référant à un jeune qui présentait un bas niveau de participation sociale et l'autre qui présentait un haut niveau de participation sociale.
L'analyse du contenu des entrevues a permis de dégager des facteurs d'influence auprès de ces jeunes. Ces facteurs concernaient le jeune, sa famille, l'organisation des services et les intervenants. La collecte de données a été effectuée à l'aide d'entrevues semi-dirigées réalisées auprès d'intervenants provenant du secteur de 1' « application des mesures ». Ces entrevues visaient à explorer jusqu'à quel point les caractéristiques du jeune et de sa famille, les caractéristiques organisationnelles et les caractéristiques des intervenants avaient un impact favorable ou défavorable sur les interventions prodiguées.
Enfin, les résultats issus de cette étude émettent plusieurs pistes d'intervention à privilégier auprès de cette clientèle. Les résultats démontrent notamment que plusieurs caractéristiques, sur lesquelles il est possible d'agir, influencent l'intervention auprès de ces jeunes. C'est le cas, entre autres, du partenariat entre les établissements dispensateurs de services, des traitements privilégiés à utiliser auprès de cette clientèle, de l'intensité des suivis dispensés au jeune ainsi que de l'accessibilité et de la disponibilité des services offerts. De plus, des recommandations en lien avec les caractéristiques se rapportant au jeune, à sa famille, à l'organisation et au réseau de service ainsi qu'à l'intervenant travaillant auprès de ces jeunes sont également formulées. Enfin, les informations obtenues portent à penser que l'application de ces recommandations permettrait d'augmenter l'efficience de l'intervention auprès de cette clientèle. Il est ainsi proposé de favoriser la présence des caractéristiques plus susceptibles d'influencer positivement l'intervention tout en accordant une place moindre aux facteurs à même de faire obstacle à la participation sociale de ces jeunes. Les données recueillies dans le cadre de l'étude seront utiles tant aux professionnels du centre jeunesse qu'aux employés d'autres établissements qui interviennent auprès de ces jeunes et de leur famille.
|