Analyse de deux textes du recueil Poisson soluble à la lumière de l'esthétique d'André Breton

Notre propos est d'illustrer certains points de l'esthétique de la poésie surréaliste par l'analyse de deux historiettes de Poisson soluble d'André Breton. Les deux textes que nous avons retenus pour analyse - le texte n°16 et le texte n°23 - font partie des trente-deux « hist...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Dorier-Tambourgi, Jacqueline
Format: Others
Language:fr
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://constellation.uqac.ca/225/1/030167009.pdf
Description
Summary:Notre propos est d'illustrer certains points de l'esthétique de la poésie surréaliste par l'analyse de deux historiettes de Poisson soluble d'André Breton. Les deux textes que nous avons retenus pour analyse - le texte n°16 et le texte n°23 - font partie des trente-deux « historiettes » sélectionnées par Breton parmi une centaine d'écrits automatiques qu'il a rédigés dans sept cahiers d'écolier, entre mars et mai 1924 (exception faite du texte n°32, qui parut dans la revue Littérature (nouvelle série), en mai 1922). Tout en qualifiant trente et un de ces textes comme « purement automatiques », Breton se défend qu'une structure volontaire ait présidé à leur disposition et précise que « tout au plus un souci de variété et d'aération entre eux, comme dans les colliers, a décidé de leur enchaînement ». Poisson soluble est une illustration poétique de la théorie surréaliste exposée dans le Manifeste du surréalisme que Breton publia le 15 octobre 1924 pour donner officiellement vie au mouvement. On retrouve dans les historiettes les grands thèmes chers au surréalisme : la femme, le désir, l'amour, le rêve et le mythe, le tout véhiculé par une image poétique libérée de toute contrainte logique, étant entendu que « l'image est une création pure de l'esprit, [qu']elle ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées [et que] plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte - plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique [...]». Au départ, le Manifeste ne devait être que la simple préface d'un ouvrage réunissant les historiettes de Poisson soluble. Cependant, parce que Breton souhaitait garder la préséance du nom « surréalisme » au mouvement émergeant parmi d'autres qui revendiquaient ce titre, le Manifeste prit plutôt la forme d'une défense de la théorie surréaliste, et le recueil des trente-deux textes automatiques sélectionnés et colligés par Breton sous le titre Poisson soluble devint alors l'illustration de cette théorie. Avec Poisson soluble, Breton nous invite à nous plonger au coeur d'une poésie débarrassée des scories que des siècles de dictature de la raison avaient accumulées autour de chaque tentative du procès d'écrire. Nous avons fait l'étude de ces textes pour vérifier jusqu'à quel point ils rencontrent les nouveaux critères poétiques que Breton avait élaborés dans le Manifeste de 1924. Nous avons montré, dans chacune des deux parties que comporte notre mémoire (l'analyse de chaque historiette en constituant une partie), comment s'organise et se réalise cette esthétique poétique et, par le biais d'une approche intratextuelle, dans quelle mesure elle rejoint les écrits ultérieurs de Breton, tant il est vrai que ce dernier est toujours resté d'une fidélité absolue, dans sa pratique littéraire, envers les principes esthétiques de ses débuts.