Summary: | En 2015, la route migratoire empruntée par un peu plus d’un million de migrants vers l’Europe occidentale était la route des Balkans. D’abord une route de transit, cette route vit rapidement ses frontières se fermer successivement, mettant partiellement fin à un mouvement migratoire historique. La fermeture de la route des Balkans culmina en mars 2016, lorsque l’Union européenne et la Turquie signent un accord selon lequel la Turquie s’engageait à retenir les migrants sur son territoire. En dépit de la fermeture officielle de la route des Balkans, certains migrants réussissent tout de même à atteindre la Serbie, un pays au cœur de cet espace migratoire. La fermeture officielle de la route transforme d’abord cet espace migratoire en un espace de circulation et de transit difficile à atteindre et d’où il devient particulièrement périlleux d’y poursuivre sa route vers l’Union européenne, mais également en un « territoire de l’attente » pour ceux et celles ayant toujours comme projet migratoire de rejoindre un pays d’Europe occidentale. La recherche a d’abord pour objectif d’analyser les caractéristiques de la Serbie en tant que territoire de transit limitrophe à l’Union européenne. L’étude a ensuite pour objectif de dresser un portrait de l’évolution du rôle des principaux acteurs impliqués dans la gouvernance des migrations en Serbie depuis le début de la « crise migratoire ». En outre, la recherche s’intéresse aussi à documenter la manière dont l’attente est vécue par les migrants et analyser la relation de ces derniers aux divers espaces d’attente qu’ils occupent en Serbie. L’analyse se base sur un terrain ethnographique qui s’est déroulé en Serbie au printemps 2019. Au total, trente entretiens qualitatifs furent réalisés auprès de différents acteurs présents sur le terrain. Le terrain de recherche inclut la visite de trois centres institutionnels de réception au sein des régions de Belgrade et de Šid. Mots clés : Balkans ; migrations internationales ; migrants ; attente ; projet migratoire ; Serbie ; parcours migratoire ; politiques migratoires ; externalisation ; Union européenne. === In 2015, the migration route most used by over a million asylum seekers to Western Europe was the Balkan route. Initially a transit route, this route rapidly saw its borders successively close, partially putting an end to a historic migratory movement. The closure of the Balkan route culminated in March 2016, when the European Union and Turkey signed an agreement under which Turkey undertook to retain migrants on its territory. Despite the official closure of this route, some migrants still manage to reach Serbia, a country at the heart of the migration route. The official closure of the route first of all transforms this migratory area into an area of circulation and transit that is difficult to reach and from where it becomes particularly dangerous to continue on to the European Union, but also into a "waiting territory" for those who still have a migration project to join a Western European country. The research aims firstly to analyse the characteristics of Serbia as a transit territory bordering the European Union. The study then aims to provide a picture of the changing role of the main actors involved in migration governance in Serbia since the beginning of the 'migration crisis'. In addition, the research is also interested in documenting how migrants experience waiting and analysing their relationship to the various waiting spaces they occupy in Serbia. The analysis is based on an ethnographic fieldwork that took place in Serbia in the spring of 2019. A total of thirty qualitative interviews were carried out with different actors present in the field. The research fieldwork also included visits to three institutional reception centres in the Belgrade and Šid regions. Keywords: Balkans: international migration; migrants; waiting; migration project; Serbia; migration trajectory; migration policies; outsourcing; European Union.
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