Summary: | À partir du début du vingtième siècle, la nature et l’aventure ont été utilisées par intervenants des milieux d’éducation et d’intervention psychosociale (Gass, Gillis, & Russell, 2012; Miles & Priest, 1999; Russell & Hendee, 2000; Tucker & Norton, 2013). Principalement réalisés auprès des groupes ayant des visées éducatives et thérapeutiques, des effets ont été observés sur les individus prenant part à ces programmes aux plans personnel et interpersonnel, notamment sur la perception de soi (Whittington, 2006), l’efficacité personnelle (Ronalds & Allen-Craig, 2008; Török, Kökönyei, Károlyi, Ittzés, & Tomcsányi, 2006), les habiletés sociales et le leadership (Sibthorp, 2003; Stott & Hall, 2003). Ces effets ont mis en valeur la pertinence de ce type d’intervention. Certains éléments sous-jacents aux effets répertoriés ont été identifiés, dont l’importance du groupe dans l’expérience des participants (Deane & Harré, 2014; Scheinfeld, Rochlen, & Buser, 2011), mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour comprendre la place que le groupe occupe au sein des expériences de nature et d’aventure. Réputés pour permettre l’examen approfondi des processus s’opérant dans les groupes, les facteurs d’aide (Yalom & Leszcz, 2005) constituent un cadre conceptuel qui ouvre à cette possibilité. Définissant les processus qui agissent au sein d’un groupe comme sous-jacents aux bénéfices individuels retirés par les membres, ce cadre conceptuel permet de comprendre ce que vivent les participants lors d’expériences en contexte de nature et d’aventure. Cette recherche de nature qualitative, menée auprès de 23 personnes provenant d’un milieu collégial, vise à cerner les facteurs d’aide agissant dans un programme à caractère éducatif se déroulant en contexte de nature et d’aventure. Cet objectif général se décline en deux objectifs spécifiques : 1) Identifier quels sont les facteurs d’aide qui émergent en intervention de groupe en contexte de nature et d’aventure et 2) déterminer quelle est leur importance relative, selon la perspective des participants. Les résultats obtenus démontrent une forte présence de la majorité des facteurs d’aide suggérés par Yalom et Leszcz (2005). Les apprentissages interpersonnels, les techniques de socialisation et la cohésion se retrouvent parmi les plus importants. En second lieu, l’altruisme, l’apprentissage par imitation et le partage d’information sont observés. Dans une moindre importance, il est question de la récapitulation corrective de la famille, la catharsis, l’espoir et les facteurs existentiels. Cette importance relative des différents facteurs d’aide pourrait être attribuable à la nature éducative du groupe et l’absence de problématique vécue par les participants. Les résultats indiquent également que le fait de se retrouver en nature, de réaliser des activités qui nécessitent de déployer des stratégies d’adaptation personnelles et de devoir surpasser ses craintes face à de multiples défis ont eu un effet catalyseur sur l’action des facteurs d’aide. Ces résultats font écho aux éléments déjà reconnus au sein des programmes réalisés en contexte de nature et d’aventure, tels que l’expérimentation du défi et du succès par l’entremise de la prise de risque, la dissonance et l’adaptation et la relation entre les intervenants et les membres du groupe (McKenzie, 2003; Panicucci, 2007; Priest, 1999a; Russell & Phillips-Miller, 2002). Le choix des facteurs d’aide comme cadre d’analyse apporte un éclairage nouveau en ce qui concerne la place centrale qu’occupe le groupe dans les interventions en contexte de nature et d’aventure. En ce sens, les résultats de cette thèse ont un caractère novateur. Au sein de la littérature, peu de liens ont été dressés entre les facteurs d’aide et les interventions en contexte de nature et d’aventure (Gass et al., 2012; Williams, 2000). D’autre part, les études sur les facteurs d’aide ont majoritairement été réalisées dans des milieux d’intervention traditionnels et auprès de populations clinique et d’âge adulte (Shechtman, 2003; Shechtman, Bar-el, & Hadar, 1997; Yalom & Leszcz, 2005) tandis que cette étude doctorale a été réalisée en contexte de nature et d’aventure auprès de jeunes adultes. Cette thèse fait la démonstration que les facteurs d’aide peuvent se manifester dans différentes conditions, ce qui laisse envisager des avenues de recherche futures en travail social. === Since the early twentieth century, natural outdoor and adventure settings have been used in education and psychosocial intervention (Gass, Gillis, & Russell, 2012; Miles & Priest, 1999; Russell & Hendee, 2000; Tucker & Norton, 2013). Predominantly utilized by groups with educational and therapeutic aims, some effects on individuals taking part in those programs with personal and interpersonal plans have been reported, notably on selfperception (Whittington, 2006), self-efficacy (Ronalds & Allen-Craig, 2008; Török, Kökönyei, Károlyi, Ittzés, & Tomcsányi, 2006), social skills and leadership (Sibthorp, 2003; Stott & Hall, 2003). These effects demonstrate the relevance of this type of intervention. Certain underlying elements of reported effects have been identified, such as the importance of the group in the experience of participants (Deane & Harré, 2014; Scheinfeld, Rochlen, & Buser, 2011), but there is much left to be understood about the group’s place in natural outdoor and adventure experiences. Considered to allow in-depth examination of operating processes in groups, the Helping Factors model developed by Yalom et Leszcz (2005) provides a conceptual framework that is open to possibility. Defining the processes acting within a group as underlying the individual benefits taken away by members, this conceptual framework permits an understanding of what participants encounter in experiences in natural outdoor and adventure settings. Conducted with 23 college students, this qualitative research aims to identify the active Helping Factors in an educational program that takes place in natural outdoor and adventure settings. This general objective can be broken down into two specific objectives: 1) To identify which Helping Factors emerge in group interventions in experiences in natural outdoor and adventure settings; and (2) to determine their relative importance, according to the perspectives of the participants. The results obtained demonstrate a strong presence of the majority of the Helping Factors proposed by Yalom and Leszcz (2005). Interpersonal Learning, Development of Socializing Techniques and Cohesiveness are found to be among the most important. Secondarily, Altruism, Imitative Behavior and Imparting Information are found. Of lesser importance are Corrective Recapitulation of the Primary Family Group, Catharsis, Hope and Existential Factors. The relative importance of different Helping Factors could be attributable to the educational nature of the group and the absence of problems experienced by the participants. The results equally indicate that the fact of being in nature, of carrying out activities that require personal coping strategies and experimenting with challenge and success through risk-taking have a catalytic effect on the occurrence of Helping Factors. These results resonate with elements that are already recognized in programs implemented in the context of natural outdoor and adventure settings, such as experimenting with challenge and success through risk-taking, adaptive dissonance and the relationships between stakeholders and members of the group (McKenzie, 2003; Panicucci, 2007; Priest, 1999a; Russell & Phillips-Miller, 2002). The choice of Helping Factors as an analytical framework brings new light to the central position that the group occupies in interventions in natural outdoor and adventure settings. In this sense, the results of this thesis are breaking new ground. Within the literature, few links have been made between Helping Factors and interventions in natural outdoor and adventure settings (Gass et al., 2012; Williams, 2000). Furthermore, studies on Helping Factors have been predominantly carried out in traditional intervention environments and with clinical and adult populations (Shechtman, 2003; Shechtman, Bar-el, & Hadar, 1997; Yalom & Leszcz, 2005), whereas this doctoral study focuses on young adults in natural outdoor and adventure settings. This thesis demonstrates that Helping Factors can occur within different conditions, pointing to possible future avenues of research in social work.
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