Summary: | Les réviseurs professionnels utilisent une pluralité d’ouvrages de référence, dans lesquels on observe une absence de consensus sur certains emplois ou une différence entre ce qui est prescrit (« norme ») et ce qui est réellement utilisé par les locuteurs (« usage »). Ces situations de dilemme norme/usage obligent le réviseur à prendre position, non seulement parce qu’il est l’une des dernières personnes à évaluer la qualité d’un texte avant sa publication, mais aussi parce qu’il est un professionnel de la langue qui jouit d’une autorité en la matière auprès des personnes qui le mandatent. Dans ce mémoire, nous avons cherché à mieux comprendre ce qui amène des réviseurs professionnels à maintenir ou à remplacer dans un texte des emplois qui peuvent les placer en situation de dilemme norme/usage. Pour y parvenir, nous avons fait réviser un texte qui comporte de tels emplois à vingt réviseurs professionnels pratiquant la révision unilingue française au Québec. Puis, au moyen d’un questionnaire électronique, nous avons recueilli les justifications des réviseurs sur ces emplois en vue de les analyser à partir du modèle de l’Imaginaire linguistique d’Houdebine, qui permet de mettre en lumière les divers arguments que les réviseurs peuvent avancer lorsqu’ils doivent prendre des décisions sur le plan normatif. Il ressort de notre analyse que les réviseurs font davantage confiance aux indications normatives des ouvrages de référence qu’à leur propre jugement professionnel pour décider de remplacer ou non dans un texte un emploi caractérisé par un dilemme norme/usage. Ils ne prennent pas toujours en considération d’autres facteurs dans l’évaluation de l’emploi, comme la situation de communication ou la fréquence d’usage, se conformant la plupart du temps à l’indication normative d’un ouvrage de référence, et plus particulièrement à celle du Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.--Mots clés : révision professionnelle – norme lexicale – ouvrages de référence === Copy editors consult a wide range of reference material, in which there is a lack of consensus on certain forms or a difference between what is prescribed (norm) and what is actually used by native speakers (common language). A copy editor is often forced to take a stand on these norm/common language dilemmas, not only because he is one of the last people to assess the quality of a text before its publication, but also because he, as a language professional, carries the weight of authority granted to him by his knowledge of the subject over that of his clients. In this thesis, we have tried to get a better understanding of the reasons why copy editors choose to keep or change forms in a text that pose a norm/common language dilemma. To do so, twenty copy editors offering unilingual revision services in Quebec were asked to edit a text which contained problematic forms. Then, using an electronic survey, copy editors had to justify why one form was used over the other, these data were collected in order to be analyzed using the “linguistic imaginary” model of Houdebine (Imaginaire linguistique). This method was used to bring to light the various arguments that copy editors can advance when they have to reach a decision on a normative level. The results of the analysis showed that copy editors are more likely to make a decision based on the normative guidelines contained in reference material than thrust in their own professional judgment in deciding whether or not to change a form in a text that poses a norm/common language dilemma. When evaluating which form to use, they rarely take into consideration other factors like the communication situation or frequency of use, and adhere most of the time to the normative guidelines of a reference material, and more specifically the Grand dictionnaire terminologique of the Office québécois de la langue française.--Key words : editing – lexical norm – reference sources.
|