L'archéomuséologie. Un modèle conceptuel interdisciplinaire
L’archéologie et la muséologie sont deux disciplines scientifiques qui s’inscrivent dans les préoccupations de la société occidentale vis-à-vis de son passé. Leur historique témoigne de convergences et de divergences d’intérêts relatifs à l’acquisition et à la diffusion des connaissances. Les conver...
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Format: | Others |
Language: | FR |
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Université Laval
2005
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Online Access: | http://www.theses.ulaval.ca/2005/23274/23274.html http://www.theses.ulaval.ca/2005/23274/23274.pdf |
Summary: | L’archéologie et la muséologie sont deux disciplines scientifiques qui s’inscrivent dans les préoccupations de la société occidentale vis-à-vis de son passé. Leur historique témoigne de convergences et de divergences d’intérêts relatifs à l’acquisition et à la diffusion des connaissances. Les convergences portent essentiellement sur l’objet qui depuis deux cents ans unit les musées et les chercheurs souvent au sein d’un même lieu de travail. Le musée se définit comme un lieu de recherche, de conservation et de diffusion; ce sont des rôles que l’antiquaire, puis l’archéologue, ont d’ailleurs joués lorsque le musée était considéré comme un laboratoire et une vitrine sur le passé. Les divergences sont plutôt d’ordre disciplinaire car elles découlent du besoin de la part de la communauté scientifique et professionnelle, de définir un cadre méthodologique et d’explorer le potentiel de leurs champs d’application respectifs. L’évolution scientifique de l’archéologie et de la muséologie au Québec a été rapide et suit de près un essor disciplinaire qui se manifeste en Amérique du Nord et en Europe depuis tout au plus quarante ans. Une fois ces paramètres disciplinaires établis, la convergence interdisciplinaire peut s’opérer à nouveau. La présente recherche prend ainsi comme base la difficulté de concilier les intérêts scientifiques de recherche et la diffusion des connaissances auprès de la société. La transmission des connaissances est au cœur de la problématique de cette recherche doctorale. Des signes d’interdisciplinarité étant déjà perceptibles dans ces deux domaines de recherche, le modèle archéomuséologique se veut un exemple concret qui démontre comment et pourquoi l’acquisition des connaissances se marie avec la diffusion des connaissances.
Après avoir tracé le parcours historique de ces disciplines et inscrit celles-ci dans un discours scientifique, la thèse aborde le modèle conceptuel qui se base sur l’objet et, plus encore, sur son interprétation. Celle-ci sert d’interface pour les deux disciplines et permet d’articuler l’objet au sein d’une seule et même préoccupation interdisciplinaire, la transmission des connaissances. Le modèle projette dans un premier temps une typologie évolutive des musées d’archéologie et sert ensuite à constituer les éléments d’une grille d’analyse. Cette dernière fait ressortir les éléments du parcours et du discours interdisciplinaire, ainsi que ceux du traitement archéomuséologique, qui permettent d’activer la transmission des connaissances sur le passé. Par l’entremise de l’interprétation et son interface disciplinaire, le modèle fait valoir que le rôle joué par le contexte archéologique est déterminant. À travers l’étude du contexte archéologique, il est possible d’évaluer non seulement l’état de la recherche sur le site archéologique, mais aussi de mieux cerner les visions du passé qui sont véhiculées dans les musées.
Pour vérifier cette hypothèse, quatre musées d’archéologie du Québec sont mis à l’épreuve : Pointe-à-Callière, le musée d’archéologie et d’histoire de Montréal; le Centre Archéo Topo; le Parc archéologique de la Pointe-du-Buisson; et le Lieu historique national du Parc-de-l’Artillerie. Ces musées constituent des cas types québécois où l’acquisition et la diffusion des connaissances témoignent directement de la volonté de la société de transmettre au visiteur le passé. Loin d’évoluer en vase clos, l’archéologie et la muséologie du Québec participent activement aux débats scientifiques et publics qui ont cours en Amérique du Nord et à l’Europe.
Dans un premier temps, la validation du modèle explore l’interdisciplinarité et les connexions qui peuvent être faites entre diverses disciplines. Il en ressort l’importance de maintenir une autonomie disciplinaire en matière de recherche et la nécessité d’accepter le défi de l’interdépendance en matière d’interprétation. Dans un deuxième temps, la validation examine plus spécifiquement la portée des visions du passé qui sont exprimées dans les musées d’archéologie. En greffant les voix et les échos du passé aux visions du passé véhiculées par les musées d’archéologie, il est possible d’observer la façon dont les valeurs idéologiques, culturelles et sociales sont transmises. Si elles sont inévitables, ces valeurs doivent à tout le moins être fondées sur ce que révèle l’étude de l’objet et son contexte archéologique. C’est pourquoi le modèle archéomuséologique insiste sur l’importance de se servir de l’histoire du lieu, racontée par l’archéologie et d’autres disciplines, comme ancrage pour assurer la transmission des connaissances. Étant directement interpellée par l’histoire du lieu, la population locale est amenée à jouer un rôle actif dans la réflexion que la société occidentale veut entretenir avec son passé.
=== Archaeology and museology are two scientific disciplines that are closely associated with Western society’s preoccupation with its past. The history of these disciplines has been marked by episodes of convergence and of divergence of interests with respect to acquiring and disseminating knowledge. Episodes of convergence have focused on the object, which for the last 200 years has brought museums and researchers together, often in the same workplace. By definition, the museum is a place of research, conservation and outreach; these are the roles that were played by the antiquarian, and later by the archaeologist, at the time when a museum was considered to be both a laboratory and a window onto the past. In contrast, episodes of divergence tend to be related to the disciplines themselves and arise from the needs of the scientific and professional community to establish certain parameters by defining their respective methodological frameworks and exploring the potential extent of their fields of activity. The development of archaeology and museology in Québec has been rapid and, for the last 40 years, has closely followed a disciplinary expansion in North America and Europe. It is argued here, however, that once the disciplines’ parameters have been established convergent interests should once more be able to come to the fore. The research presented here takes as a given the difficulty of reconciling the scientific interests of research with the dissemination of knowledge to society. The transmission of knowledge is a central concept in the problem addressed by this doctoral research. Since signs of interdisciplinarity are at present perceptible in the two fields of research, the proposed archaeomuseological model is intended as a concrete example demonstrating how and why the acquisition of knowledge is compatible with the dissemination of knowledge.
After tracing the historical development of the two disciplines and placing them in the context of scientific discourse, the dissertation presents a conceptual model, based on the object and, more particularly, on the interpretation of the object. Interpretation acts as an interface for the two disciplines, making it possible to deal with the object as part of a single interdisciplinary concern, that is, the transmission of knowledge. The conceptual model is first used to project a three-step typology of archaeological museums and then to formulate the basic components of an analytical grid. This grid helps to identify elements related to interdisciplinary development and discourse, as well as those related to archaeomuseological treatment; in other words, elements that make it possible to activate the transmission of knowledge about the past. Through interpretation and its disciplinary interface, the model clearly shows the determining role played by the archaeological context. It is proposed that a study of the archaeological context makes it possible not only to evaluate the state of research on archaeological sites but also to better understand the visions of the past that are conveyed by museums.
To verify this hypothesis, the model is applied to four archaeological museums in Québec: Pointe-à-Callière Montréal Museum of Archaeology and History; Archéo Topo Centre; Pointe-du-Buisson Archaeological Park; and Artillery Park Heritage Site of Canada. These institutions typify Québec museums in which the acquisition and dissemination of knowledge directly express Western society’s preoccupation with transmitting the past to the public. Far from developing in isolation, Québec archaeology and museology are actively involved in the scientific and public debates currently taking place in North America and Europe.
The first step in the validation of the model is an exploration of interdisciplinarity and the connections that might be made between various disciplines. This exploration makes clear the importance of maintaining disciplinary independence with respect to research and the necessity of taking up the challenge of interdisciplinarity when it comes to interpretation. The second step in the validation offers a more specific examination of how visions of the past expressed in archaeological museums vary in their scope. By comparing the voices and echoes of the past with the visions of the past conveyed by museums, it is possible to observe the way in which ideological, cultural and social values are transmitted. Although such transmission is unavoidable, these values should at the very least be based on knowledge revealed by the object and its archaeological context. It is for this reason that the archaeomuseological model stresses the importance of using a site’s history, as revealed by archaeology and other disciplines, as a point of reference to ensure the transmission of knowledge. In this way, the local population, for whom the history of the site has a direct appeal, is encouraged to play an active role in the reflection that Western society wishes to undertake with respect to its past.
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