Summary: | Cette étude se propose d'apporter des développements à la théorie des capacités dynamiques et d'analyser l'état de l'industrie manufacturière du Québec, ainsi que les antécédents du développement de certaines compétences technologiques (l'adoption de normes de qualité et présence de projets de R-D), les effets de la possession de ces compétences et de la politique de protection de la propriété intellectuelle sur la performance des entreprises. Un autre objectif de l'étude sera de déterminer les effets des barrières de protection sur la distribution des firmes et les risques sectoriels lors de chocs externes. La partie théorique de la recherche essaye de délimiter et clarifier le concept des capacités dynamiques, leur position et leur rôle par rapport aux autres ressources, routines, capacités et compétences organisationnelles, ainsi que leur modalité de fonctionnement. Dans la partie méthodologique, plusieurs indicateurs de performance et de protection des secteurs sont expliqués et construits. La partie empirique traite de l'ensemble de l'industrie manufacturière du Québec, soit environ 12 000 entreprises existantes en 2010. Les données sont analysées sous les aspects de la structure par âge et par taille, pour l'ensemble et pour les grands secteurs industriels, la présence des compétences technologiques et leurs effets sur divers critères de performance, en utilisant un support théorique varié : théorie basée sur les ressources, l'écologie des organisations, l'équilibre ponctué, l'entrepreneuriat, les capacités dynamiques, l'organisation industrielle et autres. La prépondérance numérique des PME dans l'industrie manufacturière du Québec confère à cette étude une dimension spécifique aux études entrepreneuriales. La recherche propose plusieurs hypothèses concernant l'influence des capacités dynamiques et opérationnelles sur la performance des firmes, ainsi que sur le rôle des barrières de protection sur la performance et sur les chances de survie des entreprises. D'autres hypothèses concernent la liaison entre la propension de breveter les résultats de l'activité de R-D et la taille de l'entreprise, ainsi que l'influence du développement de ces compétences technologiques sur la performance multidimensionnelle des entreprises, selon des indicateurs de productivité, de performance des exports et de survie. La recherche présente aussi des hypothèses concernant un éventuel ordre du développement des compétences technologiques, selon le secteur industriel. L'étude empirique utilise un ensemble d'environ 50 variables élémentaires sur les 12000 entreprises des industries identifiées par les codes 31 à 33 (SCIAN), données en provenance de sources variées : ISQ, CRIQ, MDEIE, Industrie Canada, sites Internet des entreprises, bases de données de brevets. L'analyse des données est faite en utilisant une variété de méthodes : modèles d'équations structurelles, des régressions uni et multi variés, logit, tableaux de contingence, analyse Anova et Mancova, tests de moyenne, etc. Les résultats des tests empiriques confirment l'influence prépondérante des capacités dynamiques sur la performance de la firme, par rapport aux capacités opérationnelles et celle-ci même pour l'ensemble du secteur LT. Cependant, les résultats révèlent des exceptions, en particulier pour certaines industries LT, où le rôle des capacités dynamique dans la performance est faible ou nul. Un résultat important est la précision élevée avec laquelle le modèle de risque sectoriel a identifié les secteurs les plus affectés par la crise entre 2004 et 2009. Les résultats par industrie spécifique montrent aussi que s'il est vrai en général que les entreprises ayant des normes de qualité et des activités R-D performent mieux que les autres, dans quelques industries une seule des deux compétences confère tout l'avantage. Un autre résultat concerne le rôle médiateur, faible, des brevets sur l'influence de l'activité R-D sur la performance des entreprises. Finalement, l'étude révèle des alternatives concernant l'ordre d'acquisition des compétences technologiques, les jeunes entreprises en haute technologie ayant une préférence pour développer tout d'abord des compétences dans les activités R-D, et par la suite des compétences relatives à la qualité, tandis que les autres entreprises préfèrent l'approche inverse. Cette étude met en évidence le déclin de l'esprit entrepreneurial dans le secteur manufacturier, l'importance d'une approche contingente, selon les spécificités environnementales de chaque industrie, mises en lumière par les analyses. Elle fournit, entre autres, quelques suggestions pour les politiques économiques, en tenant compte de l'importance variée des compétences technologiques pour les performances, et elle suggère des orientations pour des recherches futures.
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