Summary: | Les analyses sociologiques contemporaines posent aujourd'hui leur regard avec plus d'acuité sur les processus de socialisation et le sens donné par les étudiants à leur expérience scolaire. C'est dans cet esprit que sera menée cette analyse qualitative en comparant l'expérience scolaire des étudiants de première génération (ÉPG) à celle des étudiants de parents universitaires (ÉSG-U), qui se sont engagés et ont diplômé dans le programme collégial préuniversitaire de sciences de la nature. Les ÉPG sont définis comme des étudiants qui sont les premiers de leur famille à accéder aux études postsecondaires. Cette catégorisation permet de circonscrire l'effet de l'héritage du capital culturel et scolaire sur l'expérience scolaire. À cette fin, nous utiliserons des entrevues menées auprès de 13 étudiants, lesquels ont été suivis tout au long de leur parcours collégial. Trois entrevues ont été menées auprès de chaque étudiant, pour un total de 39 entrevues, lesquelles sont tirées de la base de données du projet Relève, dirigé par Pierre Doray. Les aspects de l'expérience scolaire traités sont (1) l'héritage et la dynamique familiale, (2) la scolarité au secondaire, (3) les aspirations et l'orientation scolaire, (4) l'intégration intellectuelle et (5) l'intégration sociale. Globalement, nous avons observé que le passage au collège est valorisé par tous les parents, mais certains parents d'ÉPG manquent de connaissances par rapport aux méthodologies, stratégies et sentiments auxquels leur enfant est soumis. Le capital intellectuel des parents, tout comme le capital économique, favorise les stratégies d'investissement scolaire. La scolarité au secondaire est pour cette étude relativement peu significative, cela pouvant être dû à un effet d'homogénéisation des caractéristiques de la scolarité au secondaire des étudiants, causé par le contingentement du programme. Les ÉPG évoquent un désir de mobilité sociale afin d'améliorer leurs conditions socioéconomiques. Par contre, quand leurs conditions socioéconomiques sont perçues comme suffisantes, ce discours s'estompe. La transition (1ère année) est plus éprouvante pour les ÉPG, qui ont plus tendance à remettre en question leur place dans le programme lorsqu'ils vivent des épreuves scolaires. Lorsque cette épreuve est surpassée, des intérêts pour certaines matières émergent et consolident chez les étudiants le sentiment d'avoir fait le bon choix de programme. Chez les ÉSG-U, il appert que le spectre de l'intégration social s'évoque moins par le prisme de la collaboration et de l'entraide, comme chez les ÉPG, que par celui des affinités. Pour les ÉPG, meilleures sont les relations, plus l'entraide y a une place significative.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : expérience scolaire, collège, étudiant de première génération, méthodologie qualitative comparative, parcours scolaire
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