Summary: | L'exploration du Montreal Herald comble en partie les lacunes que révèle la revue du dossier historiographique sur l'irruption de la violence armée dans le district de Montréal en novembre 1837. Ces lacunes se ramènent toutes à la thèse de l'unité d'action du gouvernement et au ralliement de dernière minute des forces loyales. La vue d'ensemble de la période 1834-1840 permet d'abord de dégager l'axe argumentatif de ce journal radical tory : l'opposition frontale à la politique de conciliation du cabinet Melbourne et la lutte de prédominance dans laquelle il est engagé simultanément contre les meneurs du parti majoritaire, mais aussi contre les Canadiens investis de l'autorité suprême dans la magistrature, la milice et l'Exécutif. À travers le filtre de ce collectif anonyme, les miliciens, les hommes du guet et les magistrats tory réaffirment ainsi leur intention de former le seul point d’appui sur lequel, tôt ou tard, le pouvoir impérial devra s'appuyer. Les liens privilégiés qu'ils entretiennent avec l'état-major en sont la clef de voûte. Évoqué d'entrée de jeu, le recours aux armes se cristallise principalement sur les patrouilles nocturnes dans le cadre municipal naissant. Toute la stratégie organisationnelle de l'aile radicale tory s'y rapporte. A l'instar du British Rifle Corps, le Doric Club doit être ainsi considéré à la fois comme une police parallèle privée et l'avant-garde d'une faction politique. Revendiqué par le propriétaire du Montreal Herald, le rôle précurseur de ce dernier favorise le basculement du conflit politique dans la violence armée. La crise latente d'autorité envers le gouverneur culmine le 15 novembre 1837 : deux plans d'intervention distincts semblent avoir été préconisés par les autorités civiles et l’état-major. Les vues antagonistes aux plus hauts échelons de l'État se répercutent jusque dans le traitement des prisonniers politiques, prélude de l'insurrection de 1838.
______________________________________________________________________________
MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : rébellions de 1837-1838, milice volontaire, guet, torysme, violence armée, orangisme
|