Summary: | La présente recherche porte sur les modalités et les conditions de possibilités entourant la prise de parole des journalistes-écrivains occidentaux lorsque vient le temps, pour eux, d'écrire par le biais du roman l'altérité intrinsèque et anthropologique que constitue l'univers des violences postcoloniales. Partant de la prémisse selon laquelle ne se prononce pas qui veut au sujet de l'Afrique et de la violence, ce mémoire cherche à montrer, dans une perspective qui emprunte à la fois à une certaine tradition d'étude des topiques et à l'analyse du discours, comment deux journalistes-écrivains parviennent à légitimer leur entreprise littéraire. À cet effet, les romans du Québécois Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine de Kigali (2002), et de l'Allemand Hans Christoph Buch, Voyage en Afrique extrême (2000), œuvres à la croisée des genres, forment notre corpus puisqu'ils constituent tous deux le fruit d'une difficile médiation entre les expériences personnelles des journalistes et le vécu des sujets lésés par ces phénomènes de violence extrême. Ces romans nous intéressent également en ce qu'ils composent avec les préjugés et les réalités qui entourent et le journalisme moderne et, ce que nous appelons dans le cadre de ce mémoire, le topique du reporter de guerre. Aussi, dans un jeu de polarité constant entre écriture et imaginaire, nous observons comment, conscients de leur posture d'énonciation problématique, ces deux journalistes-écrivains négocient de manière très différente avec l'altérité marquée des violences postcoloniales et déploient tous deux des stratégies énonciatives opposées afin de rendre légitime leur prise de parole. Très concrètement, le premier chapitre circonscrit les questions et les enjeux qui sous-tendent la posture d'énonciation du journaliste-écrivain. Puis, à partir de l'étude des différents enjeux historiques, structurels, éthiques et mémoriels liés à l'espace discursif relatif à l'Afrique et à la pratique actuelle de la profession journalistique, surtout en tant de guerre, les deuxième et troisième chapitres interrogent les appareils discursifs déployés par les œuvres de notre corpus.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : journaliste-écrivain, violences postcoloniales, stratégies énonciatives, topique, journalisme moderne, devoir de mémoire
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