La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi : identité architecturale et valeurs patrimoniales de l'habitat du quartier Bùi Thi Xuân

Ce travail doctoral traite de Hà-Nội, de son paysage construit et de son identité patrimoniale. Plus précisément, il porte sur l'analyse des processus de formation et de transformation des architectures résidentielles d'un quartier central et historique de Hà-Nội - le quartier Bùi Thị Xuân...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Dao, Quang-Vinh
Format: Others
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.archipel.uqam.ca/3681/1/D1959.pdf
Description
Summary:Ce travail doctoral traite de Hà-Nội, de son paysage construit et de son identité patrimoniale. Plus précisément, il porte sur l'analyse des processus de formation et de transformation des architectures résidentielles d'un quartier central et historique de Hà-Nội - le quartier Bùi Thị Xuân dans l'arrondissement Hai Bà Trung. Par l'analyse du panorama de la production architecturale des maisons du quartier, l'étude cherche à définir et à articuler le lien entre le paysage urbain tel qu'il se présente nos yeux aujourd'hui et son caractère patrimonial. Par ces termes, la thèse cherche à expliquer comment les interventions architecturales contemporaines s'inscrivent dans une continuité historique des modèles d'habitat et des modes d'habiter hanoiens et comment elles sont aujourd'hui porteuses de sens pour leurs habitants. L'étude utilise une approche systémique qui propose une vision holistique et culturelle du phénomène de transformation et d'appropriation de l'espace bâti. La méthodologie choisie suit les modèles historico-interprétatifs de recherche scientifique qui cherchent à formuler un discours interprétatif à partir de l'étude des relations entre les données récoltées et le phénomène observé. Afin d'identifier l'inscription historique des constructions récentes à travers l'analyse des processus de ses transformations vernaculaires, l'étude vise à reconnaître et à caractériser les modèles originels et générateurs, les ruptures qui s'y sont produites et les nouveaux prototypes qu'ils ont engendrés. Elle dégage des éléments formels susceptibles de définir une identité paysagère et architecturale propre au quartier. L'objectif général de la thèse est la compréhension de l'émergence de formes urbaines particulières et originales dans une société donnée. La ville est considérée ici comme un objet, comme un ensemble d'artefact. La thèse s'intéresse au bâti physique, à sa formalisation et à sa spatialisation. Elle prend pour postulats de base que l'analyse de la forme urbaine est une des portes d'entrée qui permet de comprendre les sociétés qui les ont produites et que le paysage urbain représente la spatialisation des identités collectives. Étudier la ville comme paysage, c'est-à-dire comme réalité physique et comme objet de représentation dans un même système dual, permet de comprendre et d'identifier comment les habitants d'un quartier mettent en scène leur culture d'habiter et la formalise dans un « patrimoine » bâti. Les résultats montrent que la morphogénèse du quartier Bùi Thị Xuân a connu des processus particuliers dans l'histoire de la ville de Hà- Nội, qui ont favorisé le développement de formes d'habitat originales et qui lui permettent aujourd'hui de revendiquer une identité patrimoniale. Connu à son origine en 1902 sous la dénomination de « Nouveau Quartier Indigène », le quartier Bùi Thị Xuân est la première extension périphérique planifiée par l'autorité coloniale française à l'intention exclusive de la population vietnamienne. Entre les règles urbanistiques françaises qui se développent dans les « beaux quartiers » et les réalités de son application dans les nouveaux quartiers populaires de Hà-Nội se développe progressivement un mince espace de liberté où les résistances locales peuvent s'affirmer et modifier à leur manière l'intention première du colonisateur, créant ainsi des modalités originales d'appropriation du sol et de fabrication de l'espace urbain. Dans notre cas, ces dernières vont produire un paysage urbain particulier et distinctif à Hà-Nội, composé d'architectures issues du croisement des deux références culturelles, françaises et vietnamiennes, et qui s'expriment à travers l'habitat domestique avec une certaine liberté par rapport aux archétypes de l'époque. Mais si le catalogue formel de l'architecture domestique du quartier Bùi Thị Xuân développée pendant la période coloniale (1902 à 1954) est instructif en soi, riches d'enseignement sont également les évolutions morphologiques qui ont continué à se produire dans la deuxième moitié du XXe siècle. Ces dernières mettent en valeur les pratiques habitantes locales qui s'approprient le cadre bâti selon des modalités diverses pour le transformer selon l'évolution des usages, sans grand souci pour l'authenticité matérielle des œuvres bâties. Si les interventions de l'habitant-constructeur sur le cadre bâti mettent à mal l'intégrité des maisons existantes et semblent peu compatibles avec le système de valeur patrimonial occidental, notre analyse de l'évolution des formes de 1'habitat domestique montre également la persistance sur le temps long de certains schèmes opératoires et des gestes génériques autour de sa fabrication. Ces derniers consolident en définitive les fondements du prototype de base de l'habiter urbain hanoien, le compartiment, qui accompagne la société vietnamienne depuis plus de trois cent années. La persistance du compartiment sur le temps long, par l'intermédiaire de ses nombreuses déclinaisons autour d'une même grammaire architecturale, témoigne de sa capacité récurrente d'adaptation face aux contraintes que les différents contextes sociopolitiques qui se sont succédé lui ont imposées. Dans ce contexte, il appert que l'enjeu patrimonial autour la construction identitaire de la société hanoienne dépasse la simple conservation de l'authenticité de la « pierre » des habitations pour venir se loger dans les processus transformationnels d'appropriation du cadre bâti, qui répondent à des logiques culturelles anciennes ancrées dans le temps long de l'habiter hanoien. Ainsi l'articulation des valeurs de ce patrimoine immatériel exige de nouvelles pistes de réflexions et des nouveaux outils méthodologiques, qui, à terme, impliquent un recadrage des politiques patrimoniales vers la prise en compte de ces dimensions vernaculaires et anthropologiques. ______________________________________________________________________________