Summary: | La région du Rio Tapajos dans l'État brésilien du Para est l'un des endroits où le taux annuel de déforestation est le plus élevé dans toute la région amazonienne. Ce déboisement est en partie dû à l'agriculture de subsistance sur coupe et brûlis pratiquée par de nombreux ménages. Or, des recherches antérieures ont montré qu'il existe un lien entre les pratiques agricoles et deux problèmes de santé humaine: la contamination au mercure et la maladie de Chagas. De plus, ces pratiques entraînent une situation de pauvreté qui est elle-même liée à la dégradation de l'environnement. Dès lors, le projet PLUPH s'est penché sur les alternatives à la culture sur brûlis qui serait adaptées à l'agriculture familiale. Les systèmes de type agroforestiers semblent être en mesure de répondre aux exigences techniques, environnementales et sociales pour pouvoir se substituer en partie à l'agriculture sur coupe et brûlis. Cependant, un certain nombre de contraintes de type socioéconomique peuvent se poser dans le contexte de la région quant au développement de systèmes agroforestiers. Ce projet de recherche a donc pour objectif de me mesurer la viabilité financière de parcelles agroforestières expérimentales mises en place dans deux communautés de la région et de déterminer les conditions qui assurent cette viabilité. De plus, dans une optique de capabilité, cette étude se penche sur les facteurs individuels et communautaires qui influencent l'adoption de pratiques agricoles alternatives à la culture sur coupe et brûlis. Pour y parvenir, les quatre parcelles agroforestières mises en place dans deux communautés de la région du Rio Tapajos ont été analysées sous l'angle financier et 12 entrevues avec des agriculteurs des communautés ont été réalisées. La viabilité financière des parcelles a été évaluée utilisant les contextes physiques, techniques et humains dans les communautés de même que l'état du marché dans la région. Les facteurs influençant l'adoption de pratiques agricoles alternatives ont été analysés sous l'angle des contraintes au développement dans la région. Les résultats confirment la rentabilité des plantations agroforestières dans un délai de 7 ans sous certaines conditions: l'accessibilité au marché, au crédit et aux connaissances agricoles de même qu'une stabilité des prix des extrants de production. Les coûts relatifs à l'investissement initial sont restrictifs et sont composés en majorité des coûts d'achat et de transport des semis des arbres fruitiers. La valeur actuelle nette (VAN) est de 3 à 8 fois plus élevée pour les parcelles agroforestières sur 20 ans que pour les lots d'agriculture traditionnelle, sur 5 ans. Cette rentabilité se traduit par une pérennisation de l'utilisation des lots et limite la coupe de nouveaux lots par la technique de culture sur brûlis. L'analyse des grands thèmes qui se dégagent des entrevues vient soutenir l'importance de l'accès au crédit, aux marchés et aux connaissances mais souligne également l'importance du capital social et de l'organisation communautaire de même que de l'horizon temporel court qui prévaut dans les décisions économiques des agriculteurs de la région. Les résultats suggèrent un changement dans les politiques publiques pour qu'elles se penchent sur les problématiques de pauvreté et de dégradation de l'environnement de façon intégrée afin de surmonter les contraintes structurelles au développement de même que pour favoriser le développement des capacités individuelles et communautaires dans la région.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Agriculture sur coupe et brûlis, systèmes agroforestiers, Amazonie, développement, capabilité, analyse financière
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