Summary: | Ce mémoire s'intéresse aux différentes conceptions des «savoirs traditionnels» dans le champ des théories du développement, et cherche à déceler le potentiel alternatif de ces savoirs pour le champ du développement (théorique et pratique), un champ marqué par l'actuelle «crise du développement». Les écoles classiques constituant le paradigme dominant y sont d'abord présentées, soit l'école de la modernisation et l'école de la dépendance, avec leur conception du monde et du développement basée avant tout sur la croissance, leurs fondements et a priori quant aux sociétés du Sud et aux savoirs traditionnels. La critique du paradigme dominant, considérée comme une «nébuleuse critique» est aussi présentée avec ses principaux thèmes. L'auteure en vient finalement à montrer l'insuffisance du paradigme développementiste pour aborder les savoirs traditionnels comme une ressource éventuelle pour le développement, en raison de son ethnocentrisme et de ses postulats. Ensuite, une revue de la littérature de quatre courants critiques est effectuée, de façon à trouver une nouvelle interprétation du lien entre les variables «savoirs traditionnels» et «développement». L'écoféminisme, le capitalisme cognitif, l'ethnodéveloppement et le post-développement sont ici considérés comme des courants qui remettent en cause les a priori développementistes entourant les savoirs, la science, la tradition, la modernisation, la culture. Particulièrement, le post-développement constitue le principal apport subversif quant au développement, déconstruisant les mythes entourant ce concept et le présentant comme un projet idéologique ethnocentrique. Il représente aussi en quelque sorte l'aboutissement des trois autres courants, reprenant les mêmes thèmes mais en prônant une sortie de l'ère développementiste. Enfin, de façon à vérifier et nuancer certains concepts et certaines pistes d'analyse issus de la littérature critique, l'auteure effectue quatre entretiens avec des représentant d'initiatives locales québécoises qui vont dans le sens d'un post-développement (Nicole Fafard de l'écovillage TerraVie, Michel Gaudreault de SEL BECS, Gabriel Riel-Salvatore de Slow Food Montréal, et Serge Mongeau de la simplicité volontaire et du mouvement pour la décroissance). Les savoirs traditionneIs, d'abord considérés par certains courants théoriques en tant que pratiques écologiques efficaces et utiles pour le développement autocentré des communautés du Sud, en viennent à être considérés en tant que référence idéologique dans une remise en question du mode de développement des sociétés du Nord, en tant qu'ensemble de valeurs et attitudes qui inspirent la recherche post-développementiste pour des «alternatives au développement», des «alternatives à la modernité», ou une société de «décroissance conviviale». ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Savoirs traditionnels, Théories critiques du développement, Écoféminisme, Capitalisme cognitif, Ethnodéveloppement, Post-développement, Alternatives, Décroissance, Simplicité volontaire, Écovillages, Systèmes d'échange local (SEL), Slow Food.
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