La création cannibale : cas de figure chez Jan Svankmajer, le comte de Lautréamont et Edmund Kemper : une approche interdisciplinaire de la perversion

La présente recherche porte sur le cannibalisme comme fantasme de création, et même d'autocréation, à partir de trois cas de figure empruntés à la littérature (Les chants de Maldoror de Lautréamont), au cinéma (Otesanek de Jan Svankmajer) et au fait divers (l'oeuvre criminelle d'Edmun...

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Bibliographic Details
Main Author: Hubert, Karine
Format: Others
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.archipel.uqam.ca/3127/1/D1921.pdf
id ndltd-LACETR-oai-collectionscanada.gc.ca-QMUQ.3127
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sources NDLTD
topic Svankmajer Jan 1934-
Kemper Edmund Emil 1948-
Lautréamont comte de 1846-1870
Cannibalisme
Perversion
Perversion sexuelle
Création (Philosophie)
Création littéraire
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Kemper Edmund Emil 1948-
Lautréamont comte de 1846-1870
Cannibalisme
Perversion
Perversion sexuelle
Création (Philosophie)
Création littéraire
Hubert, Karine
La création cannibale : cas de figure chez Jan Svankmajer, le comte de Lautréamont et Edmund Kemper : une approche interdisciplinaire de la perversion
description La présente recherche porte sur le cannibalisme comme fantasme de création, et même d'autocréation, à partir de trois cas de figure empruntés à la littérature (Les chants de Maldoror de Lautréamont), au cinéma (Otesanek de Jan Svankmajer) et au fait divers (l'oeuvre criminelle d'Edmund Kemper). On s'y intéresse prioritairement au sujet (le narrateur/scripteur Maldoror, le monstre Otik, le tueur en série Kemper) qui, préoccupé de réaliser sa propre mise en scène, recourt au cannibalisme avec le dessein avoué de faire acte de création. Il est à noter que le cannibalisme étant essentiellement défini comme un fantasme par nombre de théoriciens, tels Green, Pontalis ou Pouillon, l'oeuvre du créateur cannibale devient la transposition imagée d'un scénario extrêmement précis, comme on le voit dans le cas du tueur, du réalisateur ou du poète s'appliquant à raconter les événements sous forme de « scènes théâtrales ». Le récit qui s'élabore -à partir d'éléments réels ou fantasmés s'articule autour de l'avidité orale et du rapport ambigu à la mère, de la sexualité liée à la violence, de la révolte contre l'autorité et du désir de toute-puissance, de la remise en cause de la filiation et du fantasme d'auto-engendrement. Si cette étude s'inspire principalement de travaux psychanalytiques, un détour par l'anthropologie s'avère essentiel, ne serait-ce que pour arriver à l'unique point de convergence des deux approches. Constatant la disparition progressive du cannibalisme effectif, les chercheurs s'entendent pour repousser le cannibalisme dans un ailleurs, mythe ou fantasme. Ce faisant, ils oublient les cas -peu nombreux, mais révélateurs -relevés par la psychiatrie et la criminologie. L'intérêt d'étudier les témoignages et les biographies de tueurs cannibales ne saurait tenir à l'espoir de trouver un cannibalisme plus brut ou plus authentique, mais de comparer leurs récits avec d'autres représentations du cannibalisme, une occasion d'éprouver l'affirmation de Green voulant que la réalité du cannibalisme soit la possibilité de faire passer dans le réelle fantasme qui le sous-tend. Alors que les criminologues considèrent que le tueur cannibale appartient au type des meurtriers sadiques, les psychanalystes classent les activités sexuelles déviantes comme le cannibalisme, le sadisme ou la nécrophilie parmi les perversions sexuelles. Plusieurs auteurs (McDougall, Stoller, Balier) mettent en évidence l'importance chez le pervers d'élaborer une mythologie sexuelle privée, indispensable à la sauvegarde du plaisir érotique, qui prend directement sa source dans la représentation fantasmatique de la scène originaire. Si le désir d'être le témoin privilégié de sa propre conception répond du narcissisme du sujet, le fantasme de pouvoir annuler cette scène, qui obéit aux lois de l'ontogenèse et de la phylogenèse, pour en concevoir une nouvelle, à la mesure de son ambition, révèle la présence d'un incommensurable sentiment de toute-puissance. C'est finalement en créant une oeuvre singulière que les auteurs entendent immortaliser leur génie dans un désir d'éternité narcissique (Anzieu), et ce, dans un rapport de réciprocité puisqu'il s'agit, comme l'écrit Blanchot à propos de Lautréamont, d'une création qui va les créer pour qu'ils puissent la créer. La problématique de la création cannibale se déploie ainsi à partir des lieux privilégiés où se joue le désir du sujet pervers: la scène de la sexualité, qu'il parvient à réinventer à partir de sa propre représentation des rapports entre les sexes et de sa conception de l'origine du désir, manifestation d'une oralité triomphante; la scène des origines, où il nie le rôle de ses géniteurs dans une tentative ultime de devenir l'unique auteur de ses jours; la scène de l'oeuvre, réalisée après le vol du pouvoir procréateur tantôt de la femme, tantôt des parents, tantôt de Dieu, qui peut seule apporter au sujet le sentiment de se survivre. Enfin, on pourra dépister dans ce désir d'omnipotence narcissique du créateur cannibale, auquel se lie un fantasme d'immortalité, la figure de l'artiste moderne. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cannibalisme, Création, Perversion, Svankmajer, Lautréamont, Kemper.
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Il est à noter que le cannibalisme étant essentiellement défini comme un fantasme par nombre de théoriciens, tels Green, Pontalis ou Pouillon, l'oeuvre du créateur cannibale devient la transposition imagée d'un scénario extrêmement précis, comme on le voit dans le cas du tueur, du réalisateur ou du poète s'appliquant à raconter les événements sous forme de « scènes théâtrales ». Le récit qui s'élabore -à partir d'éléments réels ou fantasmés s'articule autour de l'avidité orale et du rapport ambigu à la mère, de la sexualité liée à la violence, de la révolte contre l'autorité et du désir de toute-puissance, de la remise en cause de la filiation et du fantasme d'auto-engendrement. Si cette étude s'inspire principalement de travaux psychanalytiques, un détour par l'anthropologie s'avère essentiel, ne serait-ce que pour arriver à l'unique point de convergence des deux approches. Constatant la disparition progressive du cannibalisme effectif, les chercheurs s'entendent pour repousser le cannibalisme dans un ailleurs, mythe ou fantasme. Ce faisant, ils oublient les cas -peu nombreux, mais révélateurs -relevés par la psychiatrie et la criminologie. L'intérêt d'étudier les témoignages et les biographies de tueurs cannibales ne saurait tenir à l'espoir de trouver un cannibalisme plus brut ou plus authentique, mais de comparer leurs récits avec d'autres représentations du cannibalisme, une occasion d'éprouver l'affirmation de Green voulant que la réalité du cannibalisme soit la possibilité de faire passer dans le réelle fantasme qui le sous-tend. Alors que les criminologues considèrent que le tueur cannibale appartient au type des meurtriers sadiques, les psychanalystes classent les activités sexuelles déviantes comme le cannibalisme, le sadisme ou la nécrophilie parmi les perversions sexuelles. Plusieurs auteurs (McDougall, Stoller, Balier) mettent en évidence l'importance chez le pervers d'élaborer une mythologie sexuelle privée, indispensable à la sauvegarde du plaisir érotique, qui prend directement sa source dans la représentation fantasmatique de la scène originaire. Si le désir d'être le témoin privilégié de sa propre conception répond du narcissisme du sujet, le fantasme de pouvoir annuler cette scène, qui obéit aux lois de l'ontogenèse et de la phylogenèse, pour en concevoir une nouvelle, à la mesure de son ambition, révèle la présence d'un incommensurable sentiment de toute-puissance. C'est finalement en créant une oeuvre singulière que les auteurs entendent immortaliser leur génie dans un désir d'éternité narcissique (Anzieu), et ce, dans un rapport de réciprocité puisqu'il s'agit, comme l'écrit Blanchot à propos de Lautréamont, d'une création qui va les créer pour qu'ils puissent la créer. La problématique de la création cannibale se déploie ainsi à partir des lieux privilégiés où se joue le désir du sujet pervers: la scène de la sexualité, qu'il parvient à réinventer à partir de sa propre représentation des rapports entre les sexes et de sa conception de l'origine du désir, manifestation d'une oralité triomphante; la scène des origines, où il nie le rôle de ses géniteurs dans une tentative ultime de devenir l'unique auteur de ses jours; la scène de l'oeuvre, réalisée après le vol du pouvoir procréateur tantôt de la femme, tantôt des parents, tantôt de Dieu, qui peut seule apporter au sujet le sentiment de se survivre. Enfin, on pourra dépister dans ce désir d'omnipotence narcissique du créateur cannibale, auquel se lie un fantasme d'immortalité, la figure de l'artiste moderne. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Cannibalisme, Création, Perversion, Svankmajer, Lautréamont, Kemper. 2010 Thèse acceptée NonPeerReviewed application/pdf http://www.archipel.uqam.ca/3127/1/D1921.pdf Hubert, Karine (2010). « La création cannibale : cas de figure chez Jan Svankmajer, le comte de Lautréamont et Edmund Kemper : une approche interdisciplinaire de la perversion » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études littéraires. http://www.archipel.uqam.ca/3127/