La critique de l'institution asilaire dans « Le pas de Gamelin » de Jacques Ferron : la question du théâtre

Ce mémoire porte sur « Le pas de Gamelin », un récit de Jacques Ferron publié en 1987 à titre posthume dans un recueil intitulé La conférence inachevée. Bien qu'il s'agisse de l'ultime tentative de Ferron pour mener à terme un projet qui le préoccupait depuis longtemps, soit de réalis...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Lambert-Pellerin, Virginie
Format: Others
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://www.archipel.uqam.ca/2680/1/M11286.pdf
Description
Summary:Ce mémoire porte sur « Le pas de Gamelin », un récit de Jacques Ferron publié en 1987 à titre posthume dans un recueil intitulé La conférence inachevée. Bien qu'il s'agisse de l'ultime tentative de Ferron pour mener à terme un projet qui le préoccupait depuis longtemps, soit de réaliser une grande oeuvre sur la folie, peu de chercheurs s'y sont intéressés. Pourtant, celle-ci est particulièrement riche: Ferron, en dressant le portrait de plusieurs folles auprès desquelles il a travaillé comme médecin à l'asile Saint-Jean-de-Dieu entre 1970 et 1971, formule un véritable réquisitoire contre l'institution asilaire. Or, si la dimension polémique du « Pas de Gamelin » semble être une évidence, les modalités de son inscription dans le texte ont rarement été étudiées. C'est donc ce que nous nous proposons de faire en explorant la piste du théâtre. En effet, après avoir effectué un survol socio-historique de l'évolution de la notion de folie et des mesures qui ont été prises contre elle au cours des siècles, nous serons en mesure de comprendre comment l'internement est souvent la conséquence d'une confrontation entre rôles sociaux et rôles individuels, quand un individu ne se conforme pas aux moules prescrits par la société qui l'entoure. Nous constaterons aussi que, dans un monde où chacun joue son existence dans le regard d'autrui, la frontière entre rôle social, individuel et dramatique est poreuse car, lorsqu'un rôle sert à en masquer un autre, les interactions deviennent théâtralisées. C'est donc en nous appuyant sur ces quelques considérations théoriques que nous pourrons étudier les relations qui unissent les personnages du « Pas de Gamelin ». Nous observerons comment l'usage que font les protagonistes des artifices du théâtre contribue à révéler une théâtralité latente dans l'asile, qui se trouve décuplée par la description que donne Ferron du jeu des folles. En effet, l'auteur, en accentuant leur aspect carnavalesque, démontre leur volonté d'aménager un espace d'unicité individuelle dans cette grande mise en scène ourdie par l'autorité asilaire dans le dessein de forcer l'uniformisation. Enfin, en transposant ce modèle d'interaction sur celui du théâtre dans le théâtre, il nous sera possible de cerner la position qu'y occupe Jacques Ferron, qui se met lui-même en scène parmi les folles et les représentants de l'autorité. Nous verrons ainsi que, tel un fou du roi moderne, Ferron tire profit de sa situation ambivalente entre la médecine et la folie pour critiquer l'institution asilaire et, plus encore, le processus de catégorisation qui y mène. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Jacques Ferron, « Le pas de Gamelin », Folie, Théâtre, Critique de l'institution asilaire.