Summary: | La question de recherche « Conserver ou restaurer ? » est le point de départ d’une aventure invitant le lecteur à répondre à qu’est-ce qui oriente nos interventions en matière de conservation du patrimoine bâti. Sachant que ces positions rivales ont toutes une prétention à la vérité, cette thèse fait l’hypothèse d’une médiation entre les deux approches en clarifiant ses différentes interprétations. À partir d'un regard critique de la théorie de Cesare Brandi fondée sur la dialectique historique-artistique de l’œuvre d’art ainsi que d'une réflexion sur la nature fonctionnelle de l’œuvre architecturale, cette thèse démontre qu’il n’y a pas lieu a priori de donner une prédominance à l’une des deux options, ni à établir une échelle de valeurs prédéterminées, mais dévoile un dénominateur commun qui est le temps. Ce dernier ne se restreint pas au passé et au présent, mais implique la puissance destructrice du temps de la nature et le temps historique fondé sur un présent durable riche du passé et ouvert sur l'avenir.
Les résultats de la recherche révèlent enfin un dialogue possible entre nos deux alternatives, en proposant une éthique disciplinaire axée sur la dialectique du temps. Savoir « quand conserver ou quand restaurer » demande la reconnaissance de ce que l’on retient de plus significatif à travers l’existence de l’œuvre. Situer cette signification dans un passé révolu désigne l’œuvre comme témoignage d’un temps passé, en lui reconnaissant sa fonction mémorielle ou remémorative ; d’où l’approche à prédominance conservative visant à faire reculer la puissance destructrice du temps de la nature et à préserver le témoignage matériel de la dégradation. Au contraire, situer cette signification dans un présent vivant, c’est reconnaître sa vocation identitaire destinée à la représentation d’une culture ; d’où l’approche à prédominance restaurative (ré-intégrative) fondée sur le temps historique, d’un présent durable riche du passé et ouvert sur l'avenir visant à en révéler le sens. En bref, en ce qui concerne tout le patrimoine bâti, on ne peut parler que d’une dialectique fondamentale issue de la nature même de ces œuvres, à interpréter sous leur fonction mémorielle et leur vocation identitaire.
Par conséquent, conserver ou restaurer devraient être réinterprétés par préserver la mémoire ou révéler l’identité. Ainsi, la conservation et la restauration ne doivent plus être entendues comme deux options antagonistes, mais comme deux modalités d’interprétation au service de la médiation de l’œuvre architecturale à travers le temps. === The research question "to conserve or restore?" is the starting point of an adventure inviting the reader to respond to what guides our actions for the conservation of built heritage. Knowing that both rival positions claim to hold the truth, this thesis proposes a mediation between the two approaches by clarifying their various interpretations, particularly in the context of the longevity of Cesare Brandi's theory based on the historical-artistic dialectic of the work of art. Starting from this critique of Brandi’s theory and from a reflection on the functional nature of the architectural work, this thesis shows that there is no reason a priori to give predominance to one of two options, nor to establish a scale of predetermined values, but reveals time as a common denominator. Time is not restricted to the past and the present, but involves the destructive power of natural time and historical time based on a sustainable present rich with the past and open to the future. The research results reveal a possible dialogue between the two alternatives, by proposing a disciplinary ethic based on the dialectic of time.
Knowing "when to conserve or to restore" demands the recognition of what is most significant throughout the existence of a work. To situate this meaning in a bygone era designates the work as evidence of a past time, by recognizing its function in aiding memory and commemoration; thus a predominantly conservative approach that aims at reducing the destructive power of nature and time, and at preserving the material evidence of degradation. On the other hand, to situate this meaning in a living present is to recognize its vocation in support of identity for the representation of a culture; hence a predominantly restorative approach (re-integration) based on historical time, a sustainable present rich with the past and open to the future can reveal this meaning. In short, with regard to all built heritage, one can only speak of a fundamental dialectic based on the essential nature of these works, interpreted according to their memorial function and their identity vocation. Therefore, to conserve or restore should be reinterpreted by preserving memory or revealing identity. Thus, conservation and restoration should no longer be understood as two conflicting options, but as two ways of interpretation in the service of the mediation of the architectural work through time.
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