Summary: | Synthesized sound is ubiquitous in contemporary music and aural environments around the world. Yet, relatively little has been written on its cultural origins and meanings. This dissertation constructs a long history of synthesized sound that examines the century before synthesizers were mass-produced in the 1970s, and attends to ancient and mythic themes that circulate in contemporary audio-technical discourse. Research draws upon archival materials including late-nineteenth and early-twentieth century acoustics texts, and inventors' publications, correspondence, and synthesizer product manuals from the 1940s through the 1970s. As a feminist history of synthesized sound, this project investigates how metaphors in audio-technical discourse are invested with notions of identity and difference. Through analyses of key concepts in the history of synthesized sound, I argue that audio-technical language and representation, which typically stands as neutral, in fact privileges the perspective of an archetypal Western, white, and male subject. I identify two primary metaphors for conceiving electronic sounds that were in use by the early-twentieth century and continue to inform sonic epistemologies: electronic sounds as waves, and electronic sounds as individuals. The wave metaphor, in circulation since ancient times, produces an affective orientation to audio technologies based on a masculinist and colonizing subject position, whereby the generation and control of electronic sound entails the pleasure and danger of navigating and taming unruly waves. The second metaphor took shape over the nineteenth century as sounds, like modern bodies and subjects, came to be understood as individual entities with varying properties to be analyzed and controlled. Notions of sonic individuation and variability emerged in the contexts of Darwinian thought and a cultural fascination with electricity as a kind of animating force. Practices of classifying sounds as individuals, sorted by desirable and undesirable aesthetic variations, were deeply entwined with epistemologies of gender and racial difference in Western philosophy and modern science. Synthesized sound also inherits other histories, including applications of the terms synthesis and synthetic in diverse cultural fields; designs of earlier mechanical and electronic devices; and developments in musical modernism and electronics hobbyist cultures. The long-term and broad perspective on synthesis history adopted in this study aims to challenge received truths in audio-technical discourse and resist the linear and coherent progress narratives often found in histories of technology and new media. This dissertation aims to make important contributions to fields of sound and media studies, which can benefit from feminist contributions generally and elaboration on forms and meanings of synthesis technologies specifically. Also, feminist scholars have extensively theorized visual cultures and technologies, with few extended investigations of sound and audio technologies. This project also aims to open up new directions in a field of feminist sound studies by historicizing notions of identity and difference in audio-technical discourse, and claiming the usefulness of sound to feminist thought. === Le son synthétique est omniprésent dans la musique contemporaine et dans l'environnement sonore à l'échelle mondiale. Cependant, on a relativement peu écrit sur sa signification ou sur ses origines culturelles. Cette thèse construit une longue histoire du son synthétique au cours du siècle avant que ne soit massivement introduit le synthétiseur dans les années 1970; et s'attache aux thèmes anciens et mythiques qui émanent dans le discours contemporain de la technique audio. Cette recherche s'appuie sur des documents d'archives, y compris ceux de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle, comprenant des textes acoustiques, des publications d'inventeurs, de la correspondance ou des manuels d'utilisation des synthétiseurs à partir des années 1940 jusqu'aux années 1970.En tant que récit féministe du son synthétique, ce projet étudie comment les métaphores dans le discours de la technique audio sont porteuses de notions d'identité et de différence. À travers l'analyse de concepts clés de l'histoire du son synthétique, j'affirme que le langage de la technique audio et sa représentation, qui passe habituellement pour neutre, privilégie en fait la perspective masculine, archétypale du sujet blanc occidental. J'identifie deux métaphores primaires pour la conception des sons électroniques qui ont été utilisés à l'aube du xxe siècle et qui contribuent sans cesse à une épistémologie du son: des sons électroniques comme des vagues et les sons électroniques en tant qu'individus. La métaphore des vagues, en circulation depuis l'aube des temps, est productrice d'un affect aux technologies audio, typiquement basé sur un point de vue masculin et colonisateur; où la création et le contrôle du son électronique entraîne le plaisir et le danger propre à la navigation sur une mer houleuse. La seconde métaphore a pris forme au cours du xixe siècle au moment où les sons, comme des organismes vivants modernes, sujets, se sont vus interprétés comme de véritables entités individuelles aux propriétés variables pouvant faire l'objet d'analyse et de contrôle. Les notions d'individuation et de variabilité sonore émergèrent dans le contexte d'une pensée Darwinienne, alors qu'une fascination culturelle pour l'électricité vue comme une sorte de puissance immuable, se forgeait. Les méthodes de classification des sons en tant qu'individus, triés en fonction de variations esthétiques désirables ou indésirables, ont été intimement liées aux épistémologies du sexe et de la différence raciale dans la philosophie occidentale et dans les sciences modernes. Le son électronique est aussi l'héritier d'autres histoires, incluant les usages de notions telles que synthèse ou synthétique dans divers champs culturels; le design des premiers dispositifs mécaniques et électroniques, ou encore l'évolution de la modernité musicale et le développement d'un public amateur de culture électronique. La perspective à long terme et le large spectre sur l'histoire de la synthèse musicale adoptée dans cette étude vise à contester les vérités reçues dans le discours ambiant de la technique audio et à résister à la progression d'histoires linéaires et cohérentes qu'on trouve encore trop souvent dans l'histoire de la technologie et des nouveaux médias. Cette thèse contribue d'une façon importante au domaine des études en son et médias, qui pourraient à leur tour bénéficier d'un apport féministe en général et plus spécifiquement de l'élaboration des formes et des significations des technologies de la synthèse musicale. En outre, si les universitaires féministes ont largement théorisé les nouvelles cultures technologiques ou visuelles, peu d'entre elles ont exploré le son et les techniques audio. Ce projet veut ouvrir de nouvelles voies dans un domaine d'études féministes du son dans une perspective historienne avec des notions d'identité et de différence dans le discours de la technique audio, tout en clamant l'utilité du son à une pensée féministe.
|