Summary: | The dissertation develops an interdisciplinary account of the psychological and affective state of shyness, and examines representations of the emotion, along with its variant states shame, bashfulness, and modesty, in Shakespeare and in other early English literature. It brings together work from various fields: literature, psychology, neuroscience, sociology, religious studies, classics, and ancient philosophy. It is a literary study, but also considers medical, political, theological, and social tracts. The dissertation begins with an exploration of the classical emotion concept the fear of shame, and finds the roots of shyness in the virtue ethics tradition of Aristotle. It then moves on to examine the influence Aristotle's moral philosophy had on early modern conceptions of shyness, especially as a religious passion associated with conscience. In view of the way new modes of courtesy, social humility, and courtly interaction infiltrated the predominantly male world of civil conversation, the dissertation outlines how the cultural status of shyness shifted throughout the period. As I demonstrate, shyness underwent a radical secularization and went from being widely understood as a religious emotion to a pathological condition linked to melancholy.Chapter one investigates Shakespeare's interest in the gendering of shyness, and argues that the rising prevalence of bashfulness amongst male courtiers contributed to the medicalization of the emotion in the period. The chapter develops an account of Shakespeare's King Henry the Sixth: a figure whose characterization exemplifies the rapid transformation of shyness as it devolved from a virtuous moral and religious passion into one associated with notions of male disease and political immorality. The following chapters, however, reveal a shift in perspective. In Coriolanus, The Merchant of Venice, and Measure for Measure, Shakespeare questions the early modern pathologization of bashfulness through his endorsement of an Aristotelian account of shyness as a social, ethical, and religious virtue. In these plays the experience of bashfulness operates as a governing emotional force over the advancement of sinful forms of pride and vengeance, and produces a spiritually reformative and transformative effect within the Christian subject. By calling attention to the moral and religious connotations associated with bashfulness throughout its history, the dissertation seeks to counter the medicalization and denigration of shyness currently taking place in the modern world. === La présente thèse s'inscrit dans le cadre interdisciplinaire d'une étude psychologique et affective de la timidité. Aussi rend-elle compte, chez Shakespeare et autres premiers littérateurs anglais, des représentations de l'émotion dans ses états de honte, d'embarras et de modestie. Elle fait également appel à plusieurs disciplines: littérature (y compris celle des Anciens), psychologie, neuroscience, sociologie, études religieuses. Elle est assurément une étude littéraire, encore qu'elle s'appuie également sur les apports de la médecine, de la politique, de la théologie et de la sociologie. La thèse débute par une étude sur la crainte de la honte sous l'angle classique et dans la tradition de l'éthique aristotélicienne. Elle enchaîne sur l'influence exercée par la philosophie morale d'Aristote sur les premières conceptions modernes de la timidité, vue essentiellement comme passion religieuse en étroit lien avec la conscience. Par ailleurs, à mesure que s'établissait un nouveau code de bienséances (courtoisie, humilité, courtisanerie), le monde largement masculin et le comportement qui s'ensuivit en furent affectés. D'où un changement de l'état culturel de la timidité au cours de l'époque. C'est dire que la timidité se vit entièrement sécularisée et devint, d'émotion religieuse qu'elle avait été, une condition pathologique causée par une humeur mélancolique.Le premier chapitre a, pour objet, l'intérêt porté par Shakespeare pour la différentiation sexuelle de la timidité. Son constat: la prévalence grandissante de la timidité chez les courtisans mâles eut pour effet, à l'époque, la médicalisation de l'émotion. Le chapitre renvoie au roi Henri VI, personnage qui illustre la transformation religieuse et morale de la timidité en une maladie d'homme immoral et politique. Les chapitres suivants, toutefois, font montre d'une perspective nouvelle. Dans Coriolanus, The Merchant of Venice et Measure for Measure, Shakespeare revient sur son idée initiale. Il met en doute la pathogenèse de la timidité pour reprendre le concept aristotélicien de vertu religieuse, éthique et sociale. Dans les pièces citées, un sentiment de timidité apparaît comme un état émotionnel en pleine force maîtresse plutôt que comme la manifestation d'un péché d'orgueil et de vengeance. Il appelle ainsi à une réformation du cœur et de la spiritualité dans une dogmatique chrétienne. Ainsi, par son retour historique aux diverses connotations morales et religieuses liées à l'embarras, la thèse s'emploie ici, dans un renversement du pour au contre, à démythifier l'actuelle et universelle conception de la timidité, tout ensemble gratuite et dénigrante, comme une source profane de stigmatisation médicale.
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