Summary: | This dissertation argues that the British trauma novel emerged at the turn of the nineteenth century, in response to the rise of individualistic conceptions of personal integrity and to the increasing value given to ordinary human life. Moments of intense suffering began at this point to register as shocking and traumatic violations of the boundaries of identity, and early- to mid-nineteenth-century trauma novels explore this cultural opposition between suffering and individuation. In such novels, individual boundaries are frequently imagined in architectural terms, while trauma is cast as a spatial violation of private territory. Although these texts provoke expectations of medical and narrative cures by combining scientific imagery with the marriage plot, they ultimately question the therapeutic teleology of medical science and the educative teleology of the bildungsroman and domestic novel. They instead locate the source of trauma in the bourgeois model of bound subjectivity propagated by both literature and science. This account of early- to mid-nineteenth-century novelistic trauma as a primarily spatial phenomenon differs from modern theories of trauma that focus on distortions in time. It reorients trauma scholarship away from the traumatic memory and towards the relationship between suffering and discrete selfhood. My first chapter argues that Elizabeth Inchbald's 1791 novel A Simple Story replicates and ironizes the eighteenth-century novelistic depiction of suffering as central to human subjectivity. In Chapters 2-4, I focus on nineteenth-century novels in which suffering instead becomes a traumatic violation of selfhood. In Mary Shelley's Matilda, trauma destroys the personal boundaries that block intimacy, so the protagonist keeps her wound open and refuses to heal. In A Tale of Two Cities, Charles Dickens emphasizes the problematic dimensions of both bound bourgeois identity and inter-subjective working-class selfhood. In this novel, open models of personality engender repetitive violence, while bourgeois privacy creates the traumatic experience of unassimilable pain. In The Woman in White, Wilkie Collins implies that the boundaries protecting the individual self are illusory, as his characters are subjected to constant traumatic violations that negate coherent, self-directing identity. Each of these trauma novels expresses respect for the individual and compassion for human suffering, both of which characterized the valuation of ordinary life that arose at the turn of the nineteenth century. They nonetheless question whether atomistic subjectivity, conceived spatially in terms of rigid borders, is the best protection against psychological pain. === Cette thèse soutient que le roman de trauma britannique a émergé au tournant du XIXe siècle en réponse à la montée des conceptions individualistes de l'intégrité personnelle et à la valeur croissante accordée à la vie humaine ordinaire. Les moments de souffrance intense ont commencé à être compris comme étant des violations choquantes et traumatisantes des frontières de l'identité, et les romans de trauma du début jusqu'au milieu du XIXe siècle contribuent à cette opposition culturelle entre la souffrance et l'individuation. Dans ces romans, les limites individuelles sont souvent imaginées en termes d'architecture et le traumatisme est présenté comme une violation du territoire privé. Bien que ces textes provoquent des attentes de guérison grâce aux traitements médicaux et au remède narratif, qui combinent l'imagerie scientifique avec le récit traditionnel du mariage, la téléologie thérapeutique de la science médicale, ainsi que la téléologie éducative du bildungsroman et du roman domestique, sont remis en cause. Le roman de trauma localise la source du traumatisme dans le modèle bourgeois de subjectivité close propagée dans la littérature et la science. Cette interprétation du traumatisme romanesque du début et du milieu du XIXe siècle comme étant un phénomène essentiellement spatial diffère des théories modernes de traumatisme qui mettent l'accent sur les distorsions dans le temps. Cette lecture éloigne le traumatisme de son association avec l'idée de la mémoire traumatique et le rapproche à la relation entre la souffrance et l'individualité discrète. Mon premier chapitre soutient que le roman d'Elizabeth Inchbald de 1791, A Simple Story, reproduit et ironise la représentation romanesque de la souffrance au XVIIIe siècle, quand elle était soulignée comme un élément central de la subjectivité humaine. Dans le deuxième et le quatrième chapitre, je me concentre sur des romans du XIXe siècle, dans lesquels la souffrance devient au contraire une violation traumatisante de l'individualité. Dans le roman Matilda de Mary Shelley, le trauma détruit les limites personnelles que bloque l'intimité, de sorte que le protagoniste conserve sa blessure ouverte et refuse de guérir. Dans A Tale of Two Cities, Charles Dickens met l'accent à la fois sur les dimensions problématiques de l'identité close de la bourgeoisie et de l'identité intersubjective de la classe ouvrière. Dans ce roman, les modèles ouverts de la personnalité engendrent une violence répétitive, tandis que la vie privée bourgeoise crée l'expérience traumatisante de la douleur inassimilable. Dans The Woman in White, Wilkie Collins suggère que les frontières qui semblent défendre l'individu sont illusoires, car ses personnages sont soumis à des violations traumatiques constantes qui nient l'identité cohérente et autonome. Chacun de ces romans de trauma exprime le respect de l'individu et de la compassion pour la souffrance humaine, ce qui caractérise l'augmentation de la valeur attribuée à la vie ordinaire à la fin du XIXe siècle. Ils soulèvent néanmoins la question de savoir si la subjectivité atomistique, conçue spatialement en termes de frontières rigides, est la meilleure protection contre l'angoisse psychologique.
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