Étude sur l'acquisition des flexions verbales transitives animées en montagnais
Notre mémoire a pour objet l'étude de l'acquisition du montagnais comme langue première et plus précisément l'acquisition des flexions verbales transitives animées chez des enfants âgés de 5, 6 et 7 ans. Peu de recherches ont porté sur l'acquisition de la morphologie et de ce...
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Linguistique Labrecque, Dominique Étude sur l'acquisition des flexions verbales transitives animées en montagnais |
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Notre mémoire a pour objet l'étude de l'acquisition du montagnais comme langue première et plus précisément l'acquisition des flexions verbales transitives animées chez des enfants âgés de 5, 6 et 7 ans.
Peu de recherches ont porté sur l'acquisition de la morphologie et de ce fait, les connaissances sont encore très limitées sur l'apprentissage par les enfants, des règles qui contraignent la nature de la structure des mots. Le montagnais, qui est une langue polysynthétique, c'est-à-dire dont l'essentiel de la structure se trouve au niveau de la morphologie, constitue un champ d'étude idéal pour l'acquisition de la morphologie.
Nous présentons au chapitre 1 la problématique dans laquelle se situe notre étude. L'objectif principal de notre travail est de rendre compte des connaissances qu'ont les enfants âgés de 5 à 7 ans des flexions verbales transitives animées. Nous ayons tout d'abord voulu déterminer quelles flexions verbales transitives animées à l'indicatif présent de l'indépendant sont maîtrisées par les enfants. Nous avons ensuite voulu déterminer s'il était possible de discerner une évolution dans la maîtrise de ces flexions verbales entre les enfants des trois groupes d'âges. Nous posons également comme hypothèse que l'analyse des erreurs flexionnelles produites devrait nous permettre de reconnaître certaines stratégies d'acquisition utilisées par les enfants.
Nous avons recours à deux modèles théoriques distincts qui sont présentés au chapitre 2. Notre étude sur l'acquisition se situe dans une perspective très large du modèle de la Grammaire Universelle de Noam Chomsky. Nous adhérons au postulat de Chomsky (entre autres 1972, 1975, 1981, 1986b, 1990) selon lequel l'enfant possède à la naissance une faculté de langage qui lui permet de générer des règles grammaticales complexes et abstraites sur sa langue. Pour l'analyse des données en montagnais, nous utilisons le modèle théorique classique de Bloomfield, modèle qui est toujours en vigueur dans la description de cette langue de nos jours. Nous présentons également dans ce chapitre une description de la morphologie verbale du montagnais.
Au chapitre 3, nous présentons les travaux les plus marquants en acquisition de la morphologie, soit l'étude de Berko (1958) sur l'anglais et celle de Clark et Slobin (1985) sur le français, ainsi que certains travaux plus pertinents à notre objet d'étude du fait qu'ils ont porté sur des langues à morphologie complexe. Nous présentons l'étude de Hyams (1986a, 1986b) sur l'acquisition de la morphologie de l'italien, dans laquelle elle présente son hypothèse à l'effet que la complexité d'un système morphologique pourrait dépendre moins de la quantité de morphèmes impliqués que de la régularité d'application de ces derniers dans le système. Nous présentons également l'étude de Pizzuto et Caselli (1992) sur l'acquisition des flexions verbales en italien ainsi que celles de Feurer (1980a, 1980b) et Mithun (1989) sur l'acquisition de la morphologie du mohawk.
Notre corpus provient de celui beaucoup plus vaste rassemblé par Daviault (1996) pour son étude de l'acquisition du montagnais. Nous présentons au chapitre 4 l'expérimentation de son étude qui a permis de recueillir la partie des données qui constitue notre propre corpus. Ce corpus est de type «production suscitée» et a été recueilli dans la communauté montagnaise de Uashat en 1996. La méthodologie que nous avons utilisée pour traiter ces données ainsi que la procédure utilisée pour leur analyse sont également présentées et discutées dans ce chapitre.
Enfin, les résultats de notre analyse sont présentés et discutés au chapitre 5. Nous présentons tout d'abord les résultats des flexions correctement produites dans les contextes obligatoires et leur comparaison par groupes d'âges. Nous analysons ensuite les erreurs flexionnelles produites et discutons les résultats de cette analyse.
Notre étude nous permet de conclure que le système flexionnel transitif animé n'est pas encore maîtrisé à l'âge de 7 ans. Il semble également que les flexions au singulier soient acquises avant celles au pluriel. Nous avons constaté une apparente régression dans la production des flexions T.A. au pluriel chez les enfants de 6 ans qui rend peut-être compte d'une période d'intense réanalyse de ces flexions. Enfin, nos résultats ont démontré que les enfants ont tendance à remplacer une flexion qu'ils ne peuvent produire par celles qu'ils maîtrisent le mieux dans le même système flexionnel.
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