Pour un développement local selon le genre : le cas des groupements de femmes de la SNV du Sud Bénin

Nous avons cherché à analyser l'accès des femmes aux ressources dans une démarche de développement local selon le genre. Notre compréhension du sujet a été d'analyser dans ce travail la contribution des ONG dans la correction des contraintes liées au genre face à l'accès des femmes au...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Acacha, Hortensia Vicentia
Format: Others
Published: 2002
Online Access:http://constellation.uqac.ca/689/1/18187297.pdf
Description
Summary:Nous avons cherché à analyser l'accès des femmes aux ressources dans une démarche de développement local selon le genre. Notre compréhension du sujet a été d'analyser dans ce travail la contribution des ONG dans la correction des contraintes liées au genre face à l'accès des femmes aux ressources et de voir comment ces interventions pourraient transformer les femmes en de véritables actrices de développement de leur milieu à partir des réalités et des différents acteurs ci-présents. La recension des écrits a montré que les contraintes liées au genre dépendent du contexte d'analyse du chercheur. Selon que les femmes sont occidentales ou africaines, leur point de vue diffère au niveau : ? de la perception qu'elles ont de la sphère privée et de la sphère publique ? du capitalisme ? de l'organisation à établir entre l'institution familiale et le travail Ces différents points divergeaient à cause de l'organisation sociale, de la signification donnée aux rapports sociaux de sexe et de la perception que les hommes se font des femmes. La recension des écrits a fait ressortir le contexte comme facteur important de différenciation dans l'analyse des contraintes liées aux rapports sociaux de genre. Sur le plan théorique, les anciennes réflexions sur «femme et développement, femme dans le développement, IFD» ont connu des limites au niveau théorique et à celui de leur mise en pratique. Nous avons donc choisi l'approche genre et développement qui tenait compte à la fois du contexte d'analyse du milieu et des réflexions des acteurs pour trouver des solutions aux contraintes qui se posent à eux. L'approche genre et développement ressortait aussi comme une approche qui tenait compte des intérêts des deux sexes en établissant un processus de changement de comportement sur le plan théorique et sur le plan pratique. Il reste donc à ce sujet une approche qui vise le changement de comportement des acteurs à partir de leurs propos et dans une vision durable. Finalement, nous avons défini le développement local selon le genre comme démarche de correction. Sur le plan méthodologique, nous avons choisi une approche globale d'analyse des variables qui contribuent aux contraintes. Nous avons fait aussi le choix de l'approche par réseau qui se justifie ici aussi pour comprendre les stratégies utilisées par les femmes pour diminuer les contraintes dont elles font l'objet. L'approche par réseau a permis de caractériser le sujet femme et d'identifier le construit de pouvoir qu'elle se définit à travers des réseaux pour contrecarrer les rapports inégalitaires dont elle est victime. La cueillette des données a été réalisée par entrevues semi dirigées individuelles et en groupe et par questionnaires individuels auprès des différents acteurs et actrices impliqués dans le système d'intervention ONG-État-groupements de femmes. Ce sont les femmes bénéficiaires des interventions des ONG, les responsables, les inspectrices et les animatrices travaillant dans ces institutions, les époux des femmes puis quelques autres ONG intervenant dans le milieu et ayant, comme souci d'intervention, d'appuyer les femmes sous différents aspects de leur émancipation. Les résultats de la recherche ont montré que les contraintes liées au genre sont surtout dues à une manipulation du pouvoir des hommes au détriment des femmes. Ces contraintes subies par les femmes au sein de leur ménage et dans leur famille respective se répercutent sur leur subordination au sein de la société. Les appuis institutionnels, organisationnels, et financiers apportés par les ONG ASSEF et MIALLÉBOUNI pour améliorer leurs conditions socio-économiques permettent dans ce contexte aux femmes de subvenir aux besoins quotidiens, d'envoyer leurs filles à l'école, d'augmenter le capital des activités de revenu qu'elles entreprennent. Ces interventions n'augmentent pas véritablement leur niveau de consommation économique dans un temps relativement plus long et les rendent dépendantes de manière permanente des appuis dont elles bénéficient de la part des ONG. En milieu rural, la collaboration de MIALLÉBOUNI avec la population locale permet aux groupements ruraux de femmes de saisir de plus en plus les véritables opportunités de changement qui se présentent dans leur milieu. Par contre, en milieu urbain, ASSEF n'a pas pu établir ce niveau de collaboration avec les caisses, les associations et le milieu. La caractérisation des rapports sociaux de domination observés et le contexte de mode de vie définis par les femmes et les hommes amènent ces différents acteurs à entretenir ces contraintes entre eux sans conflit d'intérêt, dans le but d'améliorer leur situation économique qu'ils jugent plus nécessaire que leurs intérêts individuels de femme et d'homme. Les réseaux se construisent à travers les intérêts que les femmes visent en y adhérant et les rapports sociaux soutenus par les membres selon leurs intérêts. Les femmes se construisent ainsi entre elles des supports permettant d'aller chercher d'autres ressources. L'approche par réseau identifie ainsi le pouvoir fonctionnel des femmes qui est porté par le résultat qu'elles visent et qui représente ici le changement des rapports sociaux à travers leur accès aux ressources. Enfin, les réseaux entretenus par les femmes, les formes de solidarité à l'intérieur du groupement et entre groupements, puis les partenariats qu'elles se tissent avec d'autres femmes en dehors du Bénin et les rencontres nationales et internationales auxquelles elles participent, représentent un véritable tremplin, un lieu de socialisation, d'organisation de leur travail qui éveillent en elles les enjeux qu'elles représentent et les valeurs qu'elles peuvent faire valoir pour un développement local selon le genre dans leurs milieux respectifs.