La structuration sociale en milieu de colonisation agro-forestière au XIXème siècle : St-Fulgence, 1852-1898

La présente étude s'inscrit parmi celles qui traitent de la colonisation au XIXème siècle. Sous plusieurs aspects, elle peut se comparer aux ouvrages américains sur la période coloniale. Il s'agit d'esquisser l'évolution des structures professionnelle et foncière d'une paroi...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: St-Hilaire, Marc
Format: Others
Published: 1984
Online Access:http://constellation.uqac.ca/1808/1/1379520.pdf
Description
Summary:La présente étude s'inscrit parmi celles qui traitent de la colonisation au XIXème siècle. Sous plusieurs aspects, elle peut se comparer aux ouvrages américains sur la période coloniale. Il s'agit d'esquisser l'évolution des structures professionnelle et foncière d'une paroisse de colonisation du Saguenay au XIXème siècle pour, par la suite, établir les paramètres du statut social en milieu agro-forestier en étudiant les caractéristiques des élites locales. L'étude permet également de comparer trois sources quant à l'âge, la profession et la propriété. Ces sources sont les registres d'état civil (baptêmes, mariages et sépultures), les recensements du Canada et les archives du bureau d'enregistrement. Ces sources ont servi à constituer un fichier des chefs de famille de St-Fulgence, la paroisse étudiée, mentionnant pour chacun d'eux la composition de la famille (fiche de famille), les transactions foncières (contrats consignés au bureau d'enregistrement) et les charges publiques exercées. A partir de ce fichier principal, quatre sous-fichiers présentant chacun un tableau socio-économique de la paroisse (1852, 1861, 1881 et 1898) ont été élaborés en utilisant les recensements du Canada de 1852, 1861 et 1881 ainsi que le recensement paroissial de I898. La paroisse de St-Fulgence couvre un territoire adjacent à la rivière Saguenay, au relief accidenté, sillonné de plusieurs petites rivières, au sol arable rare et de qualité médiocre. Son peuplement commence avec celui de la région, en 1838-1839- Peuplée par la colonisation individuelle, située en marge des principaux circuits de peuplement, la paroisse connaît une lente croissance démographique marquée par une faible immigration et une forte émigration. Son économie est à caractère fortement agroforestier. La seule activité qu'on y retrouve, outre celles reliées à la forêt et â la culture du sol, consiste en le cabotage entre Chicoutimi et les navires de fort tonnage ancrés en face du village. La paroisse s'organise lentement autour de la chapelle, de l'école et de la mairie. Bref, St-Fulgence constitue un bon exemple de paroisse agro-forestière, connaissant un faible développement au XIXème siècle, S la manière de plusieurs autres paroisses du Saguenay. La structure professionnelle de St-Fulgence se caractérise par sa simplicité: peu de professions sont exercées â St-Fulgence. Les cultivateurs forment le groupe le plus nombreux, suivis par les journaliers, les ouvriers spécialisés (artisans et autres) et les hommes d'affaires. Les cultivateurs sont plus âgés que la moyenne, de souche ancienne et possèdent le sol. Les journaliers sont plus jeunes, de souche récente et sans terre. Les ouvriers spécialisés, enfin, sont d'âge moyen, de souche ancienne, mais ne disposent pas de terre non plus. La richesse foncière se distribue de façon très inégale. D'abord, les cultivateurs la possèdent en presque totalité. Puis, au sein de ce groupe, un important phénomène de concentration existe. Différentes stratégies d'acquisition et de distribution des terres expliquent cette situation. Désirant établir ses fils, le cultivateur acquiert graduellement des terrains pendant la première partie de sa vie pour les distribuer entre ses enfants vers l'âge de cinquante ans. L'acquisition de lots neufs lui permet aussi de se livrer au commerce du bois. C'est ainsi que les fils de cultivateurs accèdent souvent à la propriété par une cession du père. De leur côté, les chefs de famille fortunés qui arrivent dans la paroisse acquièrent par achat autant de terre que leur permettent leurs ressources financières. Ces méthodes d'appropriation expliquent pourquoi les cultivateurs âgés de 35 à 54 ans possèdent les plus importantes superficies. La principale menace de dépossession, enfin, vient des marchands à qui les cultivateurs ont consenti des hypothèques pour garantir leurs dettes. Dans cette société, le statut est déterminé par le degré de contrôle du principal moyen d'existence, la terre. Les élites sont les cultivateurs possédant des superficies importantes, plus âgés que les autres et résidant dans la paroisse depuis longtemps. Ces deux dernières caractéristiques découlent de la première, la propriété du sol demeurant le premier fondement de la différenciation sociale.