La pulsion et la répression. Les enjeux de la problématisation du désir sexuel dans le christianisme antique (IIIe-Ve siècles)

Ce travail de recherche est une généalogie de la notion de " désir sexuel " telle qu'elle fut conçue dans le christianisme antique du IIIe au Ve siècle. À partir de la distinction entre deux anthropologies concurrentes, nous cherchons à reconstituer les modalités selon lesquelles ce d...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Manicki, Anthony
Language:fra
Published: Ecole normale supérieure de lyon - ENS LYON 2014
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01060996
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/01/06/09/96/PDF/MANICKI_Anthony_2014_These.pdf
Description
Summary:Ce travail de recherche est une généalogie de la notion de " désir sexuel " telle qu'elle fut conçue dans le christianisme antique du IIIe au Ve siècle. À partir de la distinction entre deux anthropologies concurrentes, nous cherchons à reconstituer les modalités selon lesquelles ce désir a été pensé comme une pulsion irrésistible. Nous nous inscrivons donc dans la tradition des études de genre puisque nous posons la question de savoir s'il existe, au fondement des catégorisations sociales et des modes de légitimation du pouvoir, une forme de naturalité irréductible. Notre objectif est de mettre en évidence, d'une part, en quoi l'idée de désir naturel est une forme de problématisation contingente du désir sexuel et, d'autre, part, les conséquences de cette façon de penser. Entre le IIIe et le Ve siècle, les auteurs chrétiens s'opposent en ce qui concerne la question des capacités humaines. Pour les " perfectionnistes ", l'homme est capable d'accéder par ses propres forces à la perfection. Par conséquent, le " monde " est pensé par eux comme un ensemble de liens qui entravent l'itinéraire spirituel du sujet. La solitude du " désert " apparaît alors dans ce cadre problématique comme un moyen d'accéder à la liberté. Au contraire, pour les " défaillantistes ", l'homme est par nature infirme, si bien que la perfection est conçue non plus comme ce à quoi il peut lui-même accéder, mais comme un don de Dieu. En soulignant que l'homme n'est pas le maître dans sa propre maison puisqu'il ne peut maîtriser sa libido, Augustin montre que sa libération n'est envisageable qu'au prix de sa soumission à des institutions coercitives ayant pour fonction de compenser sa faiblesse. Proposant une forme originale de problématisation de la nature humaine en naturalisant la pulsion sexuelle, le défaillantisme chrétien permet donc de justifier la soumission des hommes. En faisant la généalogie du désir sexuel, ce travail s'emploie à montrer que la liberté ne requiert pas seulement une critique de l'idée de répression, mais une remise en cause plus fondamentale du modèle naturaliste de la pulsion.