Des paysages impossibles : nature, forme et historicité chez W. Wordsworth et S.T. Coleridge

Souvent perçu comme le poète de la " nature " par excellence, William Wordsworth serait bien plutôt celui qui a donné définitivement congé à une riche tradition descriptive, puisque les évocations du paysage sont chez lui bien plus rares que chez tous ses prédécesseurs du XVIIIe siècle. Le...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Folliot, Laurent
Language:fra
Published: Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III 2010
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00881236
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/88/12/36/PDF/2010PA030159.pdf
Description
Summary:Souvent perçu comme le poète de la " nature " par excellence, William Wordsworth serait bien plutôt celui qui a donné définitivement congé à une riche tradition descriptive, puisque les évocations du paysage sont chez lui bien plus rares que chez tous ses prédécesseurs du XVIIIe siècle. Le présent travail se propose de prêter attention à cette raréfaction, qu'on peut également voir, sur le plan de l'histoire esthétique, comme le moment d'émergence d 'une modernité abstraite. La poésie wordsworthienne, qui a pour ambition de refonder le langage et les formes poétiques par un retour à l'authenticité de la nature, apparaît indissociablement comme une rupture avec un mode essentiel de la première modernité anglaise, celui des Géorgiques. Elle prend ainsi acte de la crise de la représentation qui affecte l'optimisme du XVIIIe siècle et qui empêche désormais de voir dans le paysage la manifestation d' un ordre providentiel. Le " romantisme " anglais est ce qui surgit au défaut de la cosmologie, pour témoigner d'une fondamentale absence au monde. Cette évolution est ici étudiée en deux temps. On s'attachera d'abord à retracer, dans son détail, la trajectoire de la poésie de jeunesse de Wordsworth et de Coleridge, pour montrer que le moment refondateur de Lyrical Ballads intervient au terme d'un épuisement des formes et de la topique qui garantissaient traditionnellement l'intelligibilité du cosmos. Et l'on abordera ensuite trois moments distincts de la maturité poétique de Wordsworth [1798, 1802, 1807], qui suggèrent que le retour de l'idéologie dans son œuvre répond intimement à l'ébranlement radical dans lequel elle trouve son inspiration.