L'EGCG et la delphinidine : deux nouvelles molécules naturelles inhibant l'entrée du virus de l'hépatite C

L'hépatite C est un problème majeur de santé publique qui touche environ 160 millions de personnes dans le monde. L'agent étiologique responsable de cette maladie, le virus de l'hépatite C (HCV), est un petit virus enveloppé dont le génome est codé par un acide ribonucléique (ARN) sim...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Calland, Noémie
Language:fra
Published: Université du Droit et de la Santé - Lille II 2012
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00840465
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/84/04/65/PDF/2012LIL2S031.pdf
Description
Summary:L'hépatite C est un problème majeur de santé publique qui touche environ 160 millions de personnes dans le monde. L'agent étiologique responsable de cette maladie, le virus de l'hépatite C (HCV), est un petit virus enveloppé dont le génome est codé par un acide ribonucléique (ARN) simple brin de polarité positive. Actuellement, il n'existe aucun vaccin contre ce pathogène et les traitements utilisés sont insatisfaisants du fait de leur spécificité d'action limitée. Ainsi, afin d'établir une thérapie antivirale efficace évitant l'apparition et la sélection de mutants de résistance aux antiviraux, l'utilisation de plusieurs agents antiviraux ciblant directement la particule virale (direct acting antiviral agents ou DAAs) en combinaison est préconisée. C'est pourquoi la découverte de nouveaux DAAs à large spectre d'action ciblant diverses étapes du cycle viral infectieux est indispensable.Au cours de ma thèse, nous avons identifié un nouvel inhibiteur de l'entrée du HCV : l'épigallocatéchine-3-gallate (EGCG). Cette molécule, extraite du thé vert, inhibe l'infection des cellules par le HCV. Plus précisément, en utilisant des particules rétrovirales pseudotypées avec les glycoprotéines d'enveloppe E1 et E2 du HCV, nous avons démontré que cette catéchine naturelle, agit à une étape très précoce de l'entrée virale, indépendamment du génotype. De même, en nous servant du virus produit en culture cellulaire, nous avons montré que cette molécule agit directement sur la particule virale. Puis, par RT-PCR quantitative (quantitative real-time polymerase chain reaction), nous avons confirmé l'inhibition de la liaison du virus à la surface cellulaire, en présence d'EGCG. Par conséquent, nos travaux suggèrent que l'EGCG interagit avec la particule virale, probablement en se liant aux glycoprotéines d'enveloppe virales, bloquant ainsi une étape initiale d'attachement entre le virus et les facteurs cellulaires présents à la surface de l'hépatocyte. Puis, en inhibant la transmission libre du virus, à l'aide, soit d'agarose, soit d'anticorps neutralisants, nous avons démontré que l'EGCG inhibe la transmission du virus de cellule à cellule. Enfin, nous avons montré que l'EGCG élimine le virus présent dans le surnageant de culture cellulaire après quatre passages successifs sur des cellules naïves.La concentration d'EGCG nécessaire pour inhiber la moitié de l'infection virale (IC50) en culture cellulaire est 11 µM. Ainsi, afin d'identifier de nouvelles molécules présentant un mode d'action similaire à celui de l'EGCG et possédant une meilleure activité antivirale, nous avons sélectionnés différentes molécules naturelles et les avons testés pour leur potentiel effet anti-HCV. C'est ainsi que le chlorure de delphinidine, une anthocyanidine, a également été identifié en tant que nouvelle molécule inhibitrice de l'entrée du HCV. De même que l'EGCG, le chlorure de delphinidine cible directement la particule virale à une étape précoce de l'entrée, indépendamment du génotype, probablement en inhibant l'attachement du virus à la surface cellulaire et sans affecter ni l'étape de réplication, ni l'étape d'assemblage/maturation. De plus, le chlorure de delphinidine présente une activité anti-HCV améliorée avec une IC50 de 3 µM.Finalement, au cours de cette thèse, nous avons identifié deux nouvelles molécules naturelles inhibant l'étape d'entrée virale du HCV. Ces molécules pourraient être utilisées comme nouveau traitement en combinaison avec d'autres DAAs et pourraient également servir d'outil afin d'étudier les mécanismes d'entrée du HCV dans l'hépatocyte.