Raconter deux événements simultanés : Le rôle de l'aspect en déroulement en arabe tunisien L1, français L1 et français L2 par des Tunisiens immigrés en France

Notre thèse porte sur le rôle du marquage aspectuel dans le marquage de la simultanéité d'évènements en arabe tunisien L1, en français L1 et en français L2 par des apprenants tunisiens à travers différents stades acquisitionnels. Nous examinons la manière dont les marqueurs explicites de l'...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Saddour, Inès
Language:ENG
Published: 2010
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00632753
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/63/27/53/PDF/These_Ines_Saddour.pdf
Description
Summary:Notre thèse porte sur le rôle du marquage aspectuel dans le marquage de la simultanéité d'évènements en arabe tunisien L1, en français L1 et en français L2 par des apprenants tunisiens à travers différents stades acquisitionnels. Nous examinons la manière dont les marqueurs explicites de l'aspect en déroulement qa:'id et "en train de" en arabe tunisien et en français respectivement, sont employés pour exprimer cette relation temporelle, en concurrence avec les formes, la forme verbale préfixée en arabe tunisien et le présent de l'indicatif en français. Nous utilisons une tâche verbale complexe de récits d'évènements simultanés, qui partagent un intervalle sur l'axe du temps, basée sur huit vidéos qui présentent deux situations se déroulant en parallèle. Deux types de simultanéité sont exploités : La simultanéité parfaite (quand les deux situations sont parallèles) et l'emboîtement (quand une situation est cadrée par une autre situation). Nos informateurs en français et en arabe tunisien ont deux profiles, très scolarisés et très peu ou pas du tout scolarisés. Nous montrons que la réponse des informateurs à la tâche ainsi que leur emploi des marqueurs de l'aspect en déroulement pour exprimer la simultanéité varient selon leurs profiles. Nous expliquons la différence observée entre les deux groupes par le développement de leurs habitudes de répondre aux tâches. Ceci est une compétence qui est particulièrement acquise avec la scolarisation. Nous remarquons qu'en général, l'emploi de qa:'id et de "en train de" est moins fréquent que celui des formes simples. Cependant, qa:'id ainsi que "en train de" jouent un rôle discursif, au delà du niveau de la proposition. Nous postulons que malgré les similarités entre les deux langues en ce qui concerne le marquage de l'aspect en déroulement, notamment, la présence de marqueurs lexicaux, pas complètement grammaticalisés qui coexistent avec des formes non marquées, la manière dont ils s'emploient dans le discours d'évènements simultanés montre des différences importantes. Nous expliquons que "en train de" joue un rôle plus contrastif que qa:'id et que son emploi dans le discours obéit à des règles plus strictes. En ce qui concerne l'emboîtement, il décrit un évènement globalisant qui encadre le deuxième. Dans le cas d'évènements parfaitement simultanés, et quand "en train de" et présent de l'indicatif sont utilisés, la proposition contenant "en train de" précède généralement celle qui contient la proposition avec présent de l'indicatif. qa:id n'obéit pas à une telle règle et peut être employé avant ou après la forme simple. L'analyse contrastive du français L1 et L2 révèle que l'utilisation des apprenants des marqueurs de l'aspect en déroulement dévie de celle des francophones natifs. Ils généralisent l'emploi de "en train de" et appliquent des règles différentes quant à l'interaction entre les différentes formes marquées et non marquées dans le discours. Les apprenants ne maîtrisent pas son rôle dans le discours même à des stades acquisitionnels très avancés, malgré son possible émergence dans les variétés basique et intermédiaire. Nous concluons que l'emploi du marqueur "en train de" par des francophones natifs implique la maitrise de son rôle au niveau discursif. Ce rôle n'étant pas facilement accessible de l'input peut représenter une vraie difficulté pour les apprenants dans l'acquisition de la périphrase.