Diversité des consciences ouvrières à l'ère des pragmatismes : L'ouvrier de l'État-nation versus l'ouvrier de la Glocalisation. Une étude sur le cas des ouvriers d'Isdemir, de Petkim et de la TTK en Turquie

Cette thèse de sociologie porte sur la mise en relief des dynamiques spécifiques de pluralisation et de fragmentation qui traversent les subjectivités ouvrières à la lumière du processus sui generis de néolibéralisation en Turquie. Il s'agit d'étudier, à travers les données recueillies lor...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Özatalay, Cem
Language:FRE
Published: Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) 2010
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00629276
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/62/92/76/PDF/C.OZATALAY_THESE_DE_DOCTORAT.pdf
Description
Summary:Cette thèse de sociologie porte sur la mise en relief des dynamiques spécifiques de pluralisation et de fragmentation qui traversent les subjectivités ouvrières à la lumière du processus sui generis de néolibéralisation en Turquie. Il s'agit d'étudier, à travers les données recueillies lors de la réalisation de l'enquête de terrain auprès des mineurs de Zonguldak, des ouvriers de pétrochimie de Petkim et des ouvriers de la sidérurgie d'Isdemir, les différends qui opposent l'ouvrier de l'État-nation et l'ouvrier de la glocalisation. Tout au long de la première partie, on aborde en premier lieu les différents moments de la néolibéralisation dans le contexte de la Turquie et la " lutte de classes " qui s'est déroulée autour des privatisations après 2000 entre le mouvement de marché - représenté largement par l'entreprenariat " musulman " en essor tourné vers l'exportation - et le contre-mouvement de régulation - représenté principalement par le Grand corps de l'État ainsi que par le grand Capital. L'objectif de ces chapitres est de montrer comment rivalisent en Turquie le Héros et le Marchand pendant le tournant du XXIe siècle et quelles sont les conséquences idéologico-politiques de cette lutte sur l'espace sociale. Enfin, le dernier chapitre de cette partie est consacré aux attitudes variées des syndicats d'ouvrier vis-à-vis de ce processus même : d'une part, le rapprochement entre le syndicalisme nationaliste et le syndicalisme de contestation et leur opposition en bloc au syndicalisme de la glocalisation, d'autre part. Dans la partie consacrée à l'étude de terrain, l'espace ouvrier est d'abord décrit en s'appuyant sur les affects antagonistes éprouvés par les ouvriers enquêtés, face à la fois à la marche de la société et à la transformation des conditions de travail : l'espoir, la déception, la sécurité et la désespoir se révèlent comme quatre affects que les ouvriers ressentent durant le processus de néolibéralisation en Turquie. Le second et dernier chapitre de la deuxième partie est réservé à l'étude de plus près des affects dominants de deux idéaux-types ouvriers : est d'abord analysé l'affect de déception de l'ouvrier de l'État-nation qui le conduit ou à se positionner aux côtés du Héros ou bien à verser dans le défaitisme, puis l'affect d'espoir de l'ouvrier de la glocalisation qui le rapproche de plus en plus du Marchand tout en maintenant toujours diverses sources de crainte censées menacer la réalisation de ses espérances. Enfin, ce travail ayant pour but de montrer les clivages ouvrières veut aussi aboutir à la conclusion suivante : l'ouvrier de la glocalisation est autant " acteur " pendant la construction de la société contemporaine que le fut à l'époque, l'ouvrier de l'État-nation, mais aussi l'ouvrier de l'État-nation fut autant " subordonné " dans la société d'antan que l'ouvrier de la Glocalisation l'est aujourd'hui.