Produire la santé, produire la sécurité : développer une culture collective de sécurité en radiothérapie

Cette thèse porte sur la sécurité des patients, plus particulièrement dans le domaine de la radiothérapie, spécialité médicale qui utilise des rayonnements ionisants pour le traitement des cancers. Si cette technique contribue à l'amélioration de la prise en charge des patients, elle présente d...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Nascimento, Adelaide
Language:FRE
Published: 2009
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00453447
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/45/34/47/PDF/TheseAdelaideNascimentoRectoVerso.pdf
Description
Summary:Cette thèse porte sur la sécurité des patients, plus particulièrement dans le domaine de la radiothérapie, spécialité médicale qui utilise des rayonnements ionisants pour le traitement des cancers. Si cette technique contribue à l'amélioration de la prise en charge des patients, elle présente des risques qui peuvent conduire à des conséquences graves sur leur santé, comme en témoignent les derniers accidents ayant eu lieu en France. Le caractère collectif de la construction des traitements notamment, engageant quatre métiers différents, peut être à la fois une source de défaillance et une ressource pour la sécurité. L'objectif de cette thèse est d'apporter des éléments de compréhension sur la gestion de la sécurité en radiothérapie et de fournir des pistes d'amélioration de la sécurité des patients, au travers du développement de la culture collective de sécurité. Plus spécifiquement, il s'agit de comprendre comment les professionnels gèrent, individuellement et collectivement, les contraintes et les ressources disponibles afin de répondre aux objectifs de production de la santé et de la sécurité des patients. Pour ce faire, trois études empiriques ont été conduites : dans un premier temps, 14 sujets (médecins, physiciens médicaux, dosimétristes et manipulatrices) ont analysé des situations d'écart à la norme ; dans un second temps, l'activité des manipulatrices a été analysée au moyen d'observations in situ ; dans un dernier temps, 14 physiciens médicaux ont pu, via des allo-confrontations individuelles, commenter des dosimétries réalisées par leurs confrères. Cinq résultats principaux ont été mis en évidence : - le manque de procédures formelles relatives à la sécurité des patients ; - l'existence de sous-cultures de sécurité propres aux professions et aux établissements ; - une gestion de la sécurité qui repose sur la sécurité gérée, c'est-à-dire fondée sur les connaissances que possèdent les opérateurs sur les situations, l'organisation et l'activité de leurs collègues, et qui, dans la majorité des cas, s'éloigne des règles formelles ; - une gestion de la qualité qui repose davantage sur les règles formelles (qualité réglée), issues des référentiels thérapeutiques et des démarches d'assurance-qualité ; - un besoin de développement durable de la culture collective de sécurité, c'est-à-dire fondée sur la conscience partagée à propos des risques, d'une part, et sur la présence de l'activité de tous dans l'activité de chacun, d'autre part. L'analyse de la sécurité (ou de l'insécurité) dans ce secteur médical peut fournir des idées nouvelles quant aux modèles de fiabilité humaine et organisationnelle. Cette thèse débouche sur une vision de la sécurité totale qui articule qualité et sécurité – réglées ou gérées – où la qualité est tributaire de la sécurité. Les résultats ont montré que la sécurité totale repose en partie sur la connaissance du travail des collègues. De manière générale et de façon à pouvoir assurer la sécurité totale, c'est-à-dire la production de la qualité (santé) en sécurité, il faut accorder aux organisations des ressources matérielles et humaines ainsi qu'une place au développement du collectif et de l'organisation prescrite.