Apports de la gestion industrielle au management des périmètres irrigués : comment mieux piloter la production ?

Deux idées directrices sont à l'origine de cette thèse : (1) la gestion de l'eau dans les périmètres irrigués pose problème et nombre d'interventions conduites pour l'améliorer pèchent par manque de réalisme : pas assez opérationnelles pour être vraiment pertinentes, pas assez gl...

Full description

Bibliographic Details
Main Author: Rey, Jacques
Language:FRE
Published: École Nationale Supérieure des Mines de Paris 1996
Subjects:
Online Access:http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00425111
http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/42/51/11/PDF/these-JR-wcov.pdf
Description
Summary:Deux idées directrices sont à l'origine de cette thèse : (1) la gestion de l'eau dans les périmètres irrigués pose problème et nombre d'interventions conduites pour l'améliorer pèchent par manque de réalisme : pas assez opérationnelles pour être vraiment pertinentes, pas assez globales pour être durablement efficaces, (2) le recours à une analogie entre les périmètres irrigués et les entreprises industrielles peut être éclairant pour mettre à jour certaines spécificités des périmètres en tant que systèmes de production particuliers et déterminer si l'expertise accumulée pour améliorer la gestion des systèmes de production industriels peut être en partie mobilisée.<br/>Le système "périmètre irrigué" peut être considéré comme un ensemble de systèmes de production au sens de la gestion des entreprises. Il comprend des systèmes de production d'eau maîtrisée, fournisseurs de systèmes de production agricoles (dont un système de production d'eau maîtrisée principal, fournisseur de tous les systèmes de production agricoles du périmètre). L'approche par analogie avec le fonctionnement des systèmes de production industriels permet de mettre en évidence un certain nombre de spécificités qui sont à l'origine de difficultés de gestion et rendent l'étude de ce système originale. En ce qui concerne la production d'eau maîtrisée, ces spécificités portent sur la prise en compte du caractère aléatoire de l'approvisionnement en matière première (eau non maîtrisée), sur la spatialisation, la complexité du processus de production d'eau maîtrisée et surtout l'ambiguïté des mécanismes permettant de gérer l'offre et la demande en eau maîtrisée aux interfaces de gestion. Ces spécificités vont dans le sens d'une relative complexité du système de pilotage de la performance à mettre en oeuvre dans ce système de production par rapport à un cadre industriel standard. Le contexte à considérer est fortement multiacteur et multiobjectif.<br/>Comme les systèmes de production industriels, les périmètres irrigués sont condamnés à évoluer rapidement en fonction de déterminants certes différents mais tout aussi variés : besoins alimentaires croissants, instabilités des marchés des biens agricoles, compétition sur la ressource en eau... La perception d'une nécessité d'amélioration au sens d'une meilleure productivité, d'une meilleure rentabilité et de meilleures normes d'efficience et de non pollution entraîne ainsi des interventions de toutes sortes sur le processus de production d'eau maîtrisée dans les périmètres irrigués. Ces interventions n'ont pas su générer, à ce jour, un flux d'innovations en techniques de gestion comparable, en amplitude et en impact, à celui observé en milieu industriel au cours des dernières années. L'éclosion et la dissémination de réelles avancées pourraient avoir été freinées par une sous-estimation de la complexité des systèmes de pilotage de la performance dans les périmètres et un manque d'outils pour analyser ces systèmes de façon globale.<br/>D'où la thèse défendue :<br/>Sans "ré-ingénierie" du système de pilotage, les interventions visant à améliorer la production "d'eau maîtrisée" dans un périmètre irrigué ont toutes les chances d'être non pertinentes et non durables.<br/>La défense de la thèse passe par la mise au point d'un mode de représentation générique du système de pilotage de la production "d'eau maîtrisée" sur un périmètre irrigué. Cette étape permet d'émettre des réserves sur la pertinence d'interventions qui n'aborderaient pas la problématique du pilotage de façon globale. Utilisé dans un cadre de diagnostic, le mode de représentation obtenu permet en outre de faire le lien entre les faiblesses techniques du système de pilotage représenté, qui trahissent des difficultés à déployer certains objectifs stratégiques, et des carences plus profondes du système de production, à l'origine de ces faiblesses. Au-delà du diagnostic il est alors possible d'énoncer les principes d'une théorie sommaire de l'intervention sur les périmètres irrigués, présentant quelques garanties de durabilité. L'accent est mis sur la nécessité de mobiliser les acteurs autour du projet d'amélioration de leur système en les associant de façon opérationnelle à l'étape de représentation et en ouvrant ainsi la voie à une mise à plat "participative" du système de pilotage pouvant entraîner sa reconfiguration. Cette démarche fait quelques emprunts, sans doute encore trop timides, aux outils utilisés pour conduire des interventions globales sur les systèmes de production industriels : le contrôle de gestion stratégique, l'analyse des systèmes d'information et la ré-ingénierie. Si la théorie développée permet souvent d'expliquer a posteriori les insuffisances de la pratique, on ne peut bien sûr y voir la preuve qu'elle est à même d'en garantir a priori le succès. Ce dernier est conditionné par la volonté et la capacité d'un intervenant externe et des acteurs internes d'une organisation à confronter leurs représentations du système de pilotage, avec un objectif de progrès. A l'examen de quelques cas, on constate que c'est un préalable rarement réalisé au départ d'une intervention ; il faut donc y travailler au cours de son déroulement...<br/>Certaines des notions développées précédemment sont presque des évidences dans une perspective rationnelle de gestion d'entreprise (analyse des systèmes de pilotage, formalisation des interventions, méthode participative de l'introduction d'innovations) ; néanmoins, les logiques d'intervention des acteurs externes de l'amélioration sur les périmètres irrigués ont sans doute conduit à trop négliger ces champs de réflexion. Le détour paraît aujourd'hui nécessaire pour faire avancer les vrais acteurs internes des systèmes vers une meilleure compréhension des logiques qui les gouvernent et leur permettre ainsi d'exprimer clairement leurs besoins.<br/>