Les approches patrimoniales au regard de la question de la prise en charge du monde
Le point de départ de cette thèse est ma propre pratique de l'utilisation du terme de « patrimoine ». Lors de mes interventions dans le domaine de l'agriculture, de l'environnement et de la gestion des territoires, j'ai constaté un attachement des personnes que j'ai rencontr...
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AgroParisTech
2008
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[SHS] Humanities and Social Sciences Patrimoine Prise en charge Patrimonialisation Processus Métalangage Pupin, Vincent Les approches patrimoniales au regard de la question de la prise en charge du monde |
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Le point de départ de cette thèse est ma propre pratique de l'utilisation du terme de « patrimoine ». Lors de mes interventions dans le domaine de l'agriculture, de l'environnement et de la gestion des territoires, j'ai constaté un attachement des personnes que j'ai rencontrées à des éléments matériels ou immatériels, attachement si fort que ces éléments semblaient parfois être un prolongement d'eux-mêmes et qu'en cas de perte, leur vie en était changée. Ces éléments sont souvent désignés comme « patrimoine » par ceux qui en parlent. L'attachement qu'ils éprouvent envers ces patrimoines témoigne d'une forme de rapport de l'Homme au monde particulière. Or, notre relation au monde a profondément changé au XXème siècle. Le monde infini aux ressources inépuisables est devenu un monde fini, fragile, où tout interagit et que nous sommes capables de détruire. La prise en charge du monde est une question posée ouvertement, comme une option parmi d'autres, mais qui ne va pas de soi. Le succès du terme de patrimoine, à partir des années 1980, est un symptôme de ce nouveau rapport au monde, il sous-entend un problème, le risque de dégradation ou de destruction de l'élément patrimonialisé et/ou un projet, la volonté de prise en charge de cet élément. J'ai donc voulu interroger les utilisations du terme de patrimoine, dont la mienne, au regard de la question de la prise en charge du monde. Dans un premier temps, j'étudie la diversité des patrimoines et des patrimonialisations : En France, le terme de « patrimoine » pouvait recouvrir toutes sortes de biens sous l'Ancien Régime, il avait surtout la caractéristique d'être attaché de façon quasi mystique à la personnalité, d'incarner une lignée. Pendant et après la Révolution, la notion de propriété l'emportant, le terme n'est plus employé que dans deux sens : un sens juridique, comme ensemble d'actif et de passif d'un individu ou d'une personne morale, un sens culturel avec l'institutionnalisation des monuments historiques. Au XXème siècle, les utilisations du terme se multiplient : patrimoine naturel, génétique, économique, ethnologique, stratégique. A travers ces expressions, se développent des approches patrimoniales théoriques et pratiques qui ont chacune leur propre logique, leur propre langage, leurs propres références. Chacune apporte un éclairage sur la prise en charge d'éléments matériels (un animal, un bâtiment) et immatériels (une langue, une fête), de l'infiniment petit (les gènes, la radioactivité) à l'infiniment grand (la Terre, la Lune |
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