Summary: | Laspergillose naso-sinusale (ANS) est une des causes les plus fréquentes de jetage nasal chez le chien. Cette affection peut être fortement suspectée sur la base du signalement, de lanamnèse et de lexamen clinique. Cependant, la confirmation du diagnostic requiert la combinaison de divers examens complémentaires dont lendoscopie et limagerie médicale en coupe, deux techniques principalement réservés aux centres de médecine vétérinaire spécialisés. Il serait pourtant utile pour le vétérinaire praticien de pouvoir poser lui-même le diagnostic grâce à une méthode alternative fiable et peu/non-invasive. Cest pourquoi, nous avons, dans la première partie de ce travail, investigué plus en profondeur lutilité de deux types de prélèvements faciles à prélever pour le vétérinaire (du sang et des sécrétions nasales) dans le diagnostic de lANS.
Lors dune première étude, nous avons investigué lintérêt de la détection danticorps spécifiques dAspergillus dans le sérum par deux tests sérologiques (un test dimmunodiffusion sur gel dagarose (AGDD) et un test ELISA IgG indirect) en utilisant une nouvelle solution commercialisée dantigènes purifiés dAspergillus. Nous avons également investigué la valeur diagnostique de la détection de galactomannan (antigènes dAspergillus) (GM) dans le sérum au moyen dun test ELISA (PlateliaTM Aspergillus). Alors que les tests sérologiques (AGDD et ELISA IgG) ont montré une excellente spécificité (100% et 96.8% respectivement) et une bonne sensibilité (76.5% et 88.2% respectivement), une spécificité correcte (82,3%) et une très faible sensibilité (23,5%) ont été obtenues pour la détection sérique de GM. Lexplication la plus logique à cette faible sensibilité réside probablement dans le caractère non-invasif de lANS dans lespèce canine.
Dans une deuxième étude, nous avons tenté de déterminer le type de prélèvement nasal et la température dincubation les plus appropriés pour lobtention de résultats fiables lors de cultures fongiques de sécrétions nasales chez le chien. Trois types déchantillon nasal dinvasivité croissante (sécrétions nasales par écouvillon, biopsie de muqueuse nasale et placard fongique) et deux températures dincubation (air ambiant et 37°C) ont été comparés. Nos résultats ont montré que les placards fongiques étaient les échantillons de choix pour les cultures fongiques et quune incubation à 37°C améliorait également significativement la sensibilité de la culture fongique par rapport à la température ambiante (avec une sensibilité de 88% et une spécificité de 100%).
Dans une troisième étude, nous avons investigué la valeur diagnostique des cultures fongiques à 37°C et de la détection de GM à partir de deux nouveaux types de prélèvement non-invasifs des sécrétions nasales (un nouvel écouvillon en nylon plus performant (le flocked swab (FSwab)) et du liquide de lavage nasal (LLN)) en comparaison avec les écouvillons traditionnels en coton (EC) et les placards fongiques. Malgré un nombre croissant de résultats de cultures positif avec lutilisation respective dEC, de FSwab et de LLN à partir des échantillons prélevés chez les chiens avec ANS, il ny avait pas de différence significative entre les types déchantillon. Même sil y avait significativement plus de GM au sein des LLN et des FSwab quau sein des EC si on tenait compte de lensemble des chiens (quil soient atteints dANS, de maladie non-fongiques ou indemnes de maladie respiratoire), lutilisation des ces deux nouvelles méthodes déchantillonnage na pas entrainé daugmentation significative des GM dans les sécrétions nasales des chiens atteints dANS par rapport à la quantité obtenue en utilisant les EC. Globalement, tous prélèvements confondus, ce test sest révélé peu sensible (41.7%) et modérément spécifique (77.4%) pour le diagnostic dANS et il ny a pas eu de différence de sensibilité en comparaison avec les cultures fongiques.
Si le diagnostic de lANS représente un challenge pour le clinicien, son traitement lest tout autant. Aucune méthode thérapeutique nest à lheure actuelle totalement satisfaisante. En effet, soit la méthode nécessite un abord invasif des cavités nasales et/ou sinus frontaux, soit elle nécessite une anesthésie de longue durée. De plus, aucune des méthodes décrites nest efficace dans tous les cas. Le traitement idéal devrait donc être efficace, non-invasif et de courte durée. Cest pourquoi, dans une quatrième étude, nous avons testé lefficacité dun nouveau traitement topique rapide et non-invasif (dépôt sous endoscopie dune crème à base de bifonazole 1% (Canestene, Bayer)) comme traitement unique (DC) ou en combinaison avec un traitement classique dirrigation à lénilconazole 2% (DEC) chez des chiens atteints dANS. Il en a résulté que lajout du dépôt de bifonazole au protocole classique (DEC) offre une guérison dans 100% des cas après un voire deux traitements ; ces résultats sont comparables voire meilleurs que les résultats des autres études relatives au traitement topique de lANS chez le chien. Les résultats de cette étude ont montré également que le protocole DC nest efficace que lors dinfection fongique modérée et quil peut dès lors remplacer le protocole DEC lorsquil ne reste quun nombre réduit de placards fongiques après un traitement classique. Par ailleurs, la durée du protocole DC est nettement moins longue que celle du protocole DEC permettant de diminuer le temps danesthésie et donc le coût du traitement. Par contre lutilisation unique du protocole DC sur les cas dANS sévère semble peu efficace.
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