Summary: | Le développement de la cochlée des mammifères est un phénomène complexe qui implique la coordination de nombreux gènes. La compréhension de la physiopathologie des surdités dorigine neurosensorielle ainsi que la mise au point de stratégies visant à restaurer la structure cellulaire de loreille interne ne nous paraît possible que grâce à la compréhension fine des processus qui régulent et sous-tendent son développement. Les connaissances actuelles, nous permettre en effet de constater que de nombreuses molécules qui contrôlent lorganogenèse au cours du développement sont souvent activées ou impliquées dans les phénomènes de régénération tissulaire après un traumatisme y compris à l'échelle de l'oreille interne (Levic et al., 2007).
Lors de notre travail, nous avons montré que dans loreille interne, en labsence de Sox10, les cellules dérivées des crêtes neurales, à savoir les mélanocytes cochléaires et les cellules de Schwann du ganglion spiral étaient absentes, soulignant le caractère dépendant de ces cellules au gène Sox10. Au niveau du ganglion spiral, nous avons montré que contrairement aux neurones des ganglions rachidiens (Honore et al., 2003;Sonnenberg-Riethmacher et al., 2001), le développement et la survie embryonnaire des neurones auditifs étaient indépendants des cellules gliales et de Sox10. Par ailleurs, nous avons également montré que Sox10 napparaît pas comme un facteur indispensable à linduction et au développement de la placode otique, mais que son absence conduit à une diminution de la population de cellules progénitrices du canal cochléaire. Cette diminution aboutit à une réduction de la longueur de la cochlée, et suggère que Sox10 joue un rôle primordial dans le déterminisme du pool des progéniteurs de la portion auditive de loreille interne. Cependant, à des stades ultérieurs du développement, la structure parfaitement conservée de lorgane de Corti nous laisse penser que laction de Sox10 est compensée par dautres gènes du groupe SoxE, par exemple Sox9, dont nous avons mis en évidence lexpression dans les cellules de soutien de lorgane de Corti (Cook et al., 2005;Sock et al., 2001;Stolt et al., 2004;Wegner, 1999).
Par ailleurs, nous avons montré quau cours du développement de lorgane de Corti, la première cellule identifiable était la cellule pilier interne. Cette cellule échapperait au système dinhibition latérale lié à Notch et pourrait avoir un rôle dans la différenciation des autres cellules de lorgane de Corti.
La destruction des cellules ciliées provoque à plus ou moins long terme une dégénérescence rétrograde des neurones du ganglion spiral, un phénomène à lorigine de nombreuses surdités neurosensorielles (Bichler et al., 1983;Koitchev et al., 1982). Afin de mieux comprendre les signaux qui régulent la réponse neuronale suite à un traumatisme au cours de leur régénération, nous avons mis au point un modèle de culture organotypique de neurones déafférentés de rats postnataux. Cest dans ce modèle dexplants de ganglions spiraux en culture que nous avons évalué la mort neuronale lors des processus de déafférentation des neurones auditifs. Il a été démontré que les neurones auditifs survivent en partie grâce aux facteurs trophiques produits par leur cible périphérique, lorgane de Corti (Lefebvre et al., 1992) et que cette dépendance persiste à lâge adulte. Ce modèle de culture permet de conserver larchitecture du ganglion spiral, se rapprochant ainsi de la situation observée in vivo. Laissés seuls, en labsence de facteurs trophiques exogènes, le nombre de neurones auditifs chute drastiquement après 24 heures de culture. Lorgane de Corti, source de neurotrophines tant durant la période développementale quà lâge adulte (Oestreicher et al., 2000;Ylikoski et al., 1993), prévient significativement cette mort neuronale lorsquil reste associé au ganglion spiral à la mise en culture. Dans ce modèle de dégénérescence rétrograde, nous avons étudié lexpression de la périphérine et constaté que cette protéine était réexprimée dans les neurones auditifs de type I après lésion. De plus, létude de lexpression de la périphérine dans le ganglion spiral du rat a permis dobserver quelle était ubiquitaire dans la population neuronale en développement puis réduite seulement aux neurones de type II lors de la période postnatale. La périphérine serait donc une molécule susceptible dintervenir à la fois lors du développement embryonnaire et réactivée lors des phénomènes de lésions tissulaires cochléaires.
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