La métropole culturelle : une nouvelle image de Montréal ?
Montréal serait appelée à devenir la nouvelle métropole culturelle de l’Amérique du Nord. C’est du moins dans cette perspective que l’entente entre le ministère de la Culture et des Communications du Québec et Tourisme Montréal a permis de doubler le budget de l’organisme qui cherchera désormais à r...
Main Author: | |
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Format: | Article |
Language: | fra |
Published: |
Presses de l'Université du Québec
2006-06-01
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Series: | Téoros |
Subjects: | |
Online Access: | http://journals.openedition.org/teoros/1451 |
Summary: | Montréal serait appelée à devenir la nouvelle métropole culturelle de l’Amérique du Nord. C’est du moins dans cette perspective que l’entente entre le ministère de la Culture et des Communications du Québec et Tourisme Montréal a permis de doubler le budget de l’organisme qui cherchera désormais à repositionner l’image de la ville sur les marchés nord-américain et européen. « Montréal est une capitale culturelle unique en Amérique du Nord ». Tous les intervenants ne s’entendent pas pour dire si Montréal doit jouer dans la cour des grandes villes comme New York, Paris ou Londres ou se positionner plutôt par rapport à des métropoles intermédiaires telles que Barcelone, Dublin ou Stockholm. Quoiqu’il advienne cependant, Montréal aura toujours à se mesurer à sa principale rivale : Toronto. . À l’époque où Toronto s’imposait déjà comme la véritable métropole économique du Canada, l’ancien maire se prenait à croire qu’il pourrait transformer Montréal et l’inclure dans le club sélect des grandes villes internationales. À l’instar des cités qui avaient marqué l’histoire de l’humanité, comme Athènes, Rome, Paris ou Londres, Montréal était alors destinée à devenir la première ville mondiale du XXIe siècle. Le projet s’inscrivait dans l’air du temps, alors que de nombreuses villes nord-américaines se métamorphosaient sous l’influence de l’idée de progrès et d’un futur pensé sous un jour nouveau. Une politique de grands projets, favorisée par une santé économique, d’abord vive puis de plus en plus chancelante, marqua Montréal pendant deux décennies. L’image de Montréal aujourd’hui valorisée ne date pas des derniers plans d’avenir des élus municipaux. Elle s’est paradoxalement construite dans la contestation de l’idée de la « métropole du progrès ». Le « bric-à-brac » montréalais, pour reprendre l’expression des éditeurs de l’ouvrage Montréal, L’oasis du Nord, peut-il résister au projet de métropole culturelle (Boivin et Comeau, 1992 : 11) ? De nombreuses questions émergent. L’identification visuelle des quartiers, par exemple, pourrait bien sûr faciliter la qualification de la ville, mais au risque cependant d’un amenuisement de sens et d’une idéalisation de la vie urbaine montréalaise. Il existe bel et bien un écart entre l’idée du Plateau de Michel Tremblay, du Mile-End de Mordecai Richler, de la Petite Patrie de Jean-Claude Germain, du Saint-Henri de Gabrielle Roy et le quotidien des habitants de ces quartiers. On pourrait rétorquer qu’il faudrait procéder à des zonages de protection culturelle pour contenir l’escale foncière et l’embourgeoisement des quartiers. . En définitive, bien des paradoxes peuvent apparaître dans une telle entreprise de mise en valeur et de médiation. Ouvrir Montréal au tourisme international par le biais de ses atouts culturels peut être une chance unique de valoriser ce que la métropole peut offrir, à condition toutefois de ne pas pourrir les fruits de la récolte. Un autre Montréal pourrait rapidement émerger dans une forme que l’on ne soupçonne pas. Rien n’est éternel dans l’univers des représentations. |
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ISSN: | 0712-8657 1923-2705 |