Summary: | Cet article traite de l’histoire de vie de deux sœurs afro-américaines, Sarah et Elizabeth Delany, telle qu’elle a été communiquée par « Sadie » et « Bessie » elles-mêmes à Amy Hill Hearth, journaliste du New York Times, plus de 100 ans après leur naissance en 1889 et 1891. Son intérêt est multiple. Tout d’abord, il y a l’aspect technique de l’écriture. Plusieurs difficultés s’annoncent. Comme les sœurs étaient de toute évidence soit incapables soit peu désireuses d’écrire leur histoire elles-mêmes, le livre fut, d’après Amy Hill Hearth, « tissé des millions d’anecdotes […] obtenues des sœurs Delany sur une période de 18 mois ». Deuxièmement, il y a l’exploration de leur ascendance inter-raciale, qui commence avec leur arrière grand-mère maternelle, née d’une maîtresse de plantation et d’un « esclave nègre », puis adoptée après par le maître de la plantation, et avec leur grand-mère paternelle d’extraction indienne et afro-américaine.Il faudra enfin essayer de dégager de cette lecture le style propre de Sadie et deBessie – et par là même le style de leur présence au monde – enfin de découvrir comment chacune séparément, et les deux ensemble, elles ont réussi, non seulement à survivre mais à fleurir dans l’Amérique raciste. Deux modes de discours s’annoncent d’emblée : l’humour et l’ironie avec lesquelles elles arrivent à créer autour d’elles une distance protectrice. S’il s’agit ici vraiment des mots des sœurs Delany, il n’y a pas de meilleure entrée en matière que le sous-titre de l’œuvre : Les sœurs Delany, leurs 100 premières années.
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